La machine Hollywoodienne a eu tendance à montrer ses limites depuis quelques années. Les remakes, reboots et autres histoires venues du passé accaparent le grand écran. Parfois sans grand succès et d’autres fois avec plus de réussite. Passer après Steve McQueen et Dustin Hoffman était déjà une épreuve assez difficile en soit, mais il faut pourtant reconnaître que dans un répertoire de remake déjà bien chargé, cette nouvelle version de Papillon fait partie de la deuxième catégorie. Pourquoi Papillon est-il un remake réussi ? Réponse dans la suite de la critique.
Papillon, la critique
Henri Charrière, dit « Papillon », malfrat de petite envergure des bas-fonds du Paris des années 30, est condamné à la prison à vie pour un meurtre qu’il n’a pas commis. Il est envoyé sur l’île du Diable, en Guyane. Il va faire la connaissance de Louis Dega qui, en échange de sa protection, va aider Papillon à tenter de s’échapper…
Derrière la caméra c’est Michael Noer, cinéaste danois qui s’occupe de ce remake. Pas véritablement connu, le réalisateur peut tout de même compter sur un casting très solide puisque Charlie Hunnam (Pacif Rim, Roi Arthur) et Rami Malek (Mr Robot) remplacent respectivement Steve McQueen et Dustin Hoffman. On tient là le premier très bon point de ce Papillon version 2018. Les deux acteurs principaux en plus d’être talentueux ont bénéficié d’une direction d’acteur formidable qui donne une épaisseur à l’intrigue et au film de Noer. Impossible de ne pas s’attacher à ce duo, qui pourtant met du temps à tisser de vrais liens. Cette alchimie entre les deux acteurs et donc les deux personnages principaux est aussi possible grâce à un bon scénario et si celui-ci s’appuie largement sur le film de 1973, le film n’en reste pas moins très bien écrit. Évidemment, autour de ces deux personnages gravite un lot d’acteurs secondaires qui eux aussi remplissent parfaitement leur rôle, mais on retiendra surtout Yorick Van Wageningen qui joue le directeur de la prison dans laquelle Papillon et Dega sont envoyés. S’il apparaît dans un nombre de scènes assez limité, il laisse une marque indélébile sur le long métrage du danois tant ses scènes en plus d’être écrites avec une justesse assez incroyable sont tout aussi marquantes. L’interprétation est une nouvelle fois impeccable Van Wageningen arrive à nous donner quelques frissons d’effrois et parfois même nous subjuguer par l’inhumanité dont il fait preuve.
Michael Noer, réalisateur finalement peu connu grand public, est parvenu sans aucun mal à s’approprier son film et nous propose une vision qu’il lui tient à coeur. En terme de réalisation, Papillon est loin d’être un film d’action ou d’évasion classique, le réalisateur propose donc quelque chose de très simple, dans la retenue, mais qui colle finalement avec l’ambiance qu’il crée durant les un peu plus de deux heures de film. Le rythme du film nous laisse d’ailleurs un sentiment étrangement contradictoire. Car, si les deux heures paraissent un poil longuettes par moments, l’ennuie ne pointe jamais le bout de son nez. Paradoxalement on aura tendance à trouver le film long, mais l’histoire et l’attachement qui se crée avec les personnages nous empêche de rendre Papillon ennuyeux. Cela ne pouvait être possible que grâce à des acteurs talentueux et une écriture assez subtile pour susciter l’intérêt chez les spectateurs durant les 120 minutes. Malgré certaines redondances, il est vraiment difficile de reprocher des choses au film et ceux en dépit des quelques petits défauts que le film possède. Le danois semble y avoir mis tellement de cœur, qu’on ne peut qu’être bienveillant envers son oeuvre. Certaines séquences sont même extrêmement poignantes et toucheront les spectateurs. On s’attache et s’identifie très rapidement aux personnages principaux. Si la question de l’utilité du dit remake se pose, on peut toujours se dire que Papillon 2018 permettra peut-être de donner envie à un jeune public de voir l’original. Quand bien même il n’en aurait pas l’envie, à défaut d’être utile on peut au moins se dire que ce remake est réussi, une qualité pas si courante dans cette catégorie de film.
Mon avis sur Papillon
Ce remake de Papillon n’était peut-être pas d’une utilité primordiale, mais Metropolitan et Noer ont su faire de cette nouvelle version une oeuvre honnête et respectable, doté d’une vraie vision artistique. Un film qui peut s’appuyer sur un casting et une direction d’acteurs extraordinaire. Si vous n’avez pas vu la version avec Steve McQueen on ne pourra que vous conseiller d’aller voir très rapidement cette nouvelle version de Papillon. Quant à ceux qui aurait vu l’original, on appliquera le même conseil, ne serait-ce que pour comparer les deux versions et découvrir une excellente ré-interprétation du film de 1973.