Rares sont ceux qui le savent, mais Spielberg et la comédie musicale c’est une histoire d’amour qui remonte à loin dans la carrière de l’homme qui révolutionna Hollywood. Lorsqu’il sort Hook, dans les années 80, Spielberg pense déjà en faire une comédie musicale, mais il fait marche arrière peu avant de se lancer dans l’aventure. Ceux qui connaissent un peu la carrière du réalisateur savent qu’il garde ce projet de musicale dans son coeur depuis longtemps. C’est donc finalement en 2021 que le cinéaste se lancera avec un remake d’un film qui aura marqué l’histoire du cinéma West Side Story. Spielberg transforme t’-il l’essai ? Réponse dans cette critique !
West Side Story, la critique
Upper West Side, années 1950. Deux bandes de jeunes s’affrontent : d’un côté les Sharks — dirigés par Bernardo — et de l’autre les Jets, avec Riff à leur tête. Tony, lié au Jets, et Maria, la sœur de Bernardo, tombent amoureux. Cependant, du fait de leur appartenance à ces bandes opposées, il s’agit d’un amour impossible.
Réalisé par Steven Spielberg, le film met en avant Ansel Elgort dans le rôle principal, Tony, il partage la tête d’affiche avec Rachel Zegler, Maria. David Alvarez incarne quant à lui le chef des Sharks, Bernardo, Mike Faist celui de Jets, Riff. Spielberg s’est donc lancé dans la comédie musicale en s’attaquant ni plus ni moins à un monument du cinéma américain, West Side Story. Les jeunes acteurs s’en sortent à merveille. Ils incarnent avec justesse cet espoir et ce désespoir de cette jeunesse américaine qui ne se sent ni soutenu par leur pays, ni par le système qui les gèrent. Pour ces jeunes adultes la seule réponse à ce manque de considération reste l’union, représenté par les gangs des Jets et des Sharks. L’alchimie entre les deux acteurs principaux est excellente, que ce soit sur les séquences classiques ou musicales. Le reste du casting est un support plus que solide pour mettre en avant cette histoire tragique. On aurait même tendance à penser que c’est leur histoire qui est au centre du film et que celle des amants maudits n’est que la raison pour s’intéresser au reste.
Beaucoup s’interroge sur la nécessité d’un tel remake, soyez rassuré, d’une part, le film est très différent de l’original, même s’il conserve bien sûr la trame narrative, mais surtout Spielberg intègre son essence a l’intérieur de ce projet. De plus, l’histoire du film est très actuelle ou en tout cas les thèmes secondaires abordés par le long métrage. Car, oui, on pouvait s’en douter avec Spielberg, mais l’homme aux lunettes ne se contente pas de reprendre le film original, il le transcende avec son univers et les thèmes qui lui sont chers. Un monde dans lequel les adultes, plus particulièrement les parents n’existent pas où nos jeunes adultes sont jetés dans le monde et devront suivre leur propre chemin initiatique. Ce n’est pas simplement une histoire d’amour maudite comme Roméo et Juliette, c’est un film qui parle aussi des minorités, des laissés-pour-comptes, des rêveurs, du rêve américain, des sujets que le cinéastes chéri. C’est aussi un film sur la famille non traditionnelle comme seul Spielberg sait en faire. Exit la famille canonique américaine avec les parents et deux enfants vivants dans des maisons de banlieue. Dans West Side Story, la famille ce sont les gangs et les amis. Ce qui est plutôt révélateur lorsqu’on sais que Spielberg a montré la famille des banlieues (sauf le père qui est soit absent soit déconnecté) pendant la plus grande partie de sa carrière. Avec West Side Story et après une longue carrière Spielberg s’intéresse donc à l’autre côté du rêve américain celui qui ne résout pas les problèmes avec l’envole d’un extraterrestre vers sa maison. Il met en image l’American Dream qui ne peut terminer que par une tragédie, dans le sang et l’indifférence.
Ces sujets ils les met en valeur par une mise en scène à tomber. Chaque plan est un régal pour les yeux, plus que jamais les jeux de lumières et de couleurs sont au centre de la beauté du film, on pourra remercier le chef-op Janusz Kamiński, habitué des films du golden boy des années 80. Une mise en scène qui se retrouve transformée, bonifiée, lors des séquences musicales qui sont un régales visuellement et en termes de chorégraphies, on remerciera le chorégraphe Justin Peck pour ces séquences musicales. Après tout ce qui a boulversé l’Amérique ces dernières années, Spielberg dépeint une Amérique des années 60 très actuelle et bien plus grise que celle qu’il met en lumière habituellement. Le réalisateur s’interroge, peut-on offrir à ces minorités l’attention qu’elles méritent et éviter les tragédies.
Mon avis sur West Side Story
Avec West Side Story, certes, Spielberg s’offre enfin sa comédie musicale, mais le film est bien plus que ça pour le cinéaste. Il s’agit d’un long métrage qui met en avant toutes les thématiques du réalisateur, l’espoir, la jeunesse, l’American Dream, la recherche d’une identité au coeur d’une communauté. Néanmoins, à la différence de ses autres films, Spielberg ajoute à ses thématiques une vision bien plus nuancées qu’habituellement. Nul doute qu’avec le temps ce West Side Story sera intéressant à analyser à l’aune de la carrière du cinéaste. En tant qu’objet filmique, le film est une pure réussite également. Visuellement fabuleux avec des chorégraphies magnifiques et une énergie folle, porté par des acteurs et actrices qui s’investissent. West Side Story est un très bon film et un candidat potentiel sérieux pour les Oscars.
