En 2016 sortait en salle le premier film Docteur Strange, un film qui a fait entrer définitivement le MCU dans le cosmique, les histoires de multiverses et offrait donc un vent de fraicheur sur l’univers partagé de Kevin Feige. Six ans plus tard, le multiverse est désormais un concept plutôt concret pour les spectateurs et les fans de Marvel. Après le raz-de-marée Spider-Man No Way Home, ce nouvel opus de Dr Strange s’enfonce toujours plus dans les profondeurs des univers parallèles et alternatifs. Si Scott Derickson, le réalisateur du premier, n’est plus que producteur ici, Sam Raimi récupère la réalisation du film. Bien connu de l’univers Marvel avec sa trilogie Spider-Man, le retour de Sam Raimi laissait donc espérer de grandes choses pour ce Multivers of Madness. Le résultat est-il à la hauteur de nos attentes ? Réponse dans la suite de la critique.
Docteur Strange in The Multiverse of Madness, la critique
Plusieurs mois après les événements liés à Spider-Man, Docteur Strange va devoir traverser les hallucinantes et dangereuses réalités alternatives du MultiversN 2. Afin de pouvoir faire face à ce grand périple, Strange sollicite l’aide de Wanda Maximoff, qui est devenue pleinement la Sorcière Rouge et possède désormais d’immenses pouvoirs qui peuvent vite devenir incontrôlables. Strange, quant à lui, va rencontrer America Chavez, une mystérieuse adolescente capable de créer des portails vers d’autres univers.
On avait laissé Strange subir les conséquences de ses actes à la fin de Spider-Man No Way Home, ce Multiverse of Madness se déroule donc quelque temps après les événements du dernier film sur l’araignée. Toujours interprété par Benedict Cumberbatch, le Docteur Strange est accompagné de Elizabeth Olsen, la Sorcière Rouge, Benedict Wong qui est toujours Sorcerer suprême. D’autres acteurs font leur retour tel que Rachel McAdams en Christine ou Chiwetel Ejiofor. À tout ce beau monde vient s’ajouter une nouvelle héroïne, America Chavez interprétée par Xochitl Gomez. Sam Raimi va donc devoir jongler avec sa galerie de personnages en jouant l’équilibriste entre développement suffisant et rythme soutenu imposé par la maison aux grandes oreilles. De ce point de vue, le film parvient assez facilement à trouver son équilibre, les protagonistes aussi nombreux soient ils (surtout avec leur variants) conservent des objectifs et des enjeux clairs et suffisamment intéressants pour investir le spectateur. De même que l’antagoniste principal du film, Wanda Maximoff, qui est enfin un vilain suffisamment crédible et fournit pour représenter une menace concrète. Néanmoins, si Sam Raimi trouve son équilibre grâce au récit, il ne reste pas moins fort dommageable qu’il y ait tout un acte du film uniquement présent afin de répondre à la soif de fan service avec des personnages jetables et aussi épais qu’une feuille de papier A4. Une situation encore plus décevante, car quand l’on regarde l’ensemble du film, il n’y a que cet acte qui donne dans la facilité et la déception à tous les niveaux. Alors, peut-être fallait-il répondre à un cahier des charges parfois trop pesant et imposant, mais cet arc en particulier est la démonstration même de l’incapacité pour Marvel Studios à sortir du modèle qu’ils ont eux-mêmes créé.
Narrativement, le film est plus aboutis que le dernier Spider-Man, qui après digestion s’avérait être aussi vide que jouissif. Ce Mutliverse of Madness est sûrement le premier Marvel Studios depuis un certain temps qui m’a semblé à peu près solide et consistant dans son écriture, ses enjeux et dans l’aventure qu’il propose. Pour autant, ne vous laissez pas duper, ce Docteur Strange n’est pas une révolution et malgré une aventure cohérente et plus ou moins consistante, la formule Marvel Studios ne fait pas des miracles et ne parvient toujours pas à décoller le spectateur de son fauteuil. Ce qui est étonnant avec ce film, c’est qu’il est bien plus discret et intimiste que ce que l’on attendait de lui. Hormis un arc spécifique du film, Sam Raimi a eu le bon sens de ne pas jouer dans la surenchère de personnages, de caméos ou du fan service à s’en étouffer. Là où Spider-Man ne tenait que par cet aspect, Multiverse of Madness, avec un spectre de possibilités plus large que le film sur l’homme araignée, est plus terre-à-terre et moins grandiloquent que le film de John Watts.
Puisque l’on parle de Sam Raimi, il est temps d’aborder la question qui fâche. Annoncé comme le premier film d’horreur du MCU, puis comme un film avec des éléments horrifiques, Docteur Strange est assurément plus proche de la deuxième proposition. Néanmoins, il est loin d’être un film d’horreur et encore plus loin de faire peur. Oui, certains choix sont plus surprenants qu’à accoutumé pour une production Feige, mais Sam Raimi ne fait que trop peu jouer son expérience de l’horreur pour ce film. Par ailleurs, le réalisateur et son style paraissent bien affaiblit dans cette production. On avait peur que la grosse machine Marvel Studios broie de nouveau un réalisateur, si ça ne va pas jusque là, Sam Raimi en retrait de son propre film. À la louche, je dirais qu’il s’agit d’un film à 30% de Sam Raimi. Si certains plans transpirent son oeuvre, la quasi-totalité du long-métrage est finalement lissé de manière à ce que ce nouvel opus du Docteur Strange s’intègre comme les autres à cet univers partagé. Rien ne dépasse de cet objet filmique, pas un poil ne dépasse sans que celui-ci ne soit volontairement placé là. Attention, on ne dit pas que Multiverse of Madness est un échec. Non le film à même plusieurs atouts et un visuel suffisamment alléchant pour convaincre les fans Marvel. Néanmoins, au vu du sujet du film et de l’arrivé de Sam Raimi derrière la caméra, on s’attendait à un peu plus de folie dans ce multiverse qui finalement n’entre pas bien plus dans les détails que Loki ou Spider-Man. L’héroïne Chavez, tout aussi sympathique et dynamique soit elle, subit de plein fouet l’adage Marvel Studios « La ferme c’est magique » ou encore « action, action, action ».
Conclusion
Pour un film qui s’intitule Multiverse of Madness, le film de Sam Raimi parait bien sage. Pire, le sujet principal, le multiverse, n’est pas plus explicité que ça, laissant les spectateurs au même niveau de compréhension du concept qu’ils l’étaient avec Loki ou Spider-Man. Quant à la folie, s’il faut la chercher, on est tout de même content que Raimi n’ait pas cédé aux sirènes des caméos et des clins-d’oeil à foison. Pour autant, Ce nouveau Docteur Strange n’est pas un mauvais film, au contraire, c’est peut-être le Marvel Studios récent le plus solide que ce soit narrativement ou dans l’écriture des personnages. Les quelques bribes de la personnalité de Raimi donnent au film une plus-value indéniable. On regrettera simplement que comme à son habitude Marvel Studios se soit senti obligé de brider et lisser l’ensemble au profit d’un plus gros ensemble. On ne le dira jamais assez, mais le MCU est aujourd’hui le plus grand ennemi du MCU.