Voici notre critique du film Tout s’est bien passé de François Ozon avec Sophie Marceau, Géraldine Pailhas, André Dussolier et Charlotte Rampling. Une oeuvre marquante !
SYNOPSIS :
Emmanuèle, romancière épanouie dans sa vie privée et professionnelle, se précipite à l’hôpital, son père André vient de faire un AVC.
Fantasque, aimant passionnément la vie mais diminué, il demande à sa fille de l’aider à en finir.
Avec l’aide de sa sœur Pascale, elle va devoir choisir : accepter la volonté de son père ou le convaincre de changer d’avis. (Source : Diaphana Distribution).
Dans l’œuvre régulière, variée et presque chaque année plus étoffée de François Ozon, Tout s’est bien passé se situe dans la lignée de ce que sont les très réussis Sous le sable, traitant du deuil et de son déni, et Grâce à Dieu sur le scandale de pédophilie dans le diocèse lyonnais (deux, à nos yeux, de ses meilleurs films). Comme pour les deux précédents, son vingtième long métrage s’attaque avec pudeur, justesse et énormément d’intelligence à un sujet sociétal délicat sans jamais prendre parti, se contentant de raconter une histoire en nous laissant à notre propre arbitre. Celle, cette fois, d’un père demandant à ses filles de l’aider à mourir au nom du droit de le faire et dans la dignité.
Alors certes, le ton, le style et la réalisation du film peuvent paraître lisses et sans fantaisie. C’est d’ailleurs ce que certaines critiques à Cannes, où il était en compétition lors du dernier festival, lui ont reproché bien que le film ait été en général très bien reçu et a eu droit à sa standing ovation. Pour sa défense, réaliser un film se passant pour moitié dans des centres hospitaliers ne sied guère à plus d’originalité, bien que l’omniprésence voulue de la couleur bleue réchauffe l’ensemble (rappelons que le bleu est une couleur chaude). Et, toujours pour sa défense, 1) sûrement que c’est fait exprès et 2) sans faire d’étude comparative avec le livre éponyme que nous avons lu, ce dernier (de surcroît autobiographique) était écrit avec le même style détaché qui faisait fi du piège trop évident du mélo et du tire-larmes.
Le film ajoute également certains éléments au livre, qu’il respecte fort bien : l’attitude du personnage de Sophie Marceau qui veut tout prendre en main et les réactions jamais exprimées de sa sœur qui se contente de regards énervés quand on la met de côté, la présence plus pressante de Grosse Merde (appelé plus sobrement « GM » dans le livre)… et même, de façon générale, le film se permet plus d’humour tout en flirtant sur la fin avec le thriller (« va-t-il mourir » ?…).
Enfin, son prestigieux casting composé de grands noms du cinéma, tous césarisés, est exploité à sa juste valeur. Tous sont justes, d’aucun n’en rajoute, tous composent des « monsieur/madame tout le monde » avec sobriété. On a beau (souvent injustement) dire de Sophie Marceau, qui signe son retour après quelques années d’absence, reste que c’est une grande actrice qui joue avec un naturel rare et que ce n’est pas sa prestation chez Ozon qui nous prouvera le contraire. Autour d’elle, André Dussollier est toujours aussi impeccable autant que Géraldine Pailhas. Le trio compose avec une authenticité crédible un père et ses deux filles.
Notre avis :
Deux ans et demi après l’excellent Grâce à Dieu, que voilà encore une œuvre marquante dans la filmographie de François Ozon, et pour nous une de ses plus réussies. Un film d’une belle justesse qui évite la polémique de son sujet pour nous raconter simplement une histoire vraie à laquelle nous pourrions être confrontés. Poignant et beau.
Note : 4,5/5