Voici notre critique du film Joker de Todd Phillips avec Joaquin Phoenix et Robert De Niro.
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Joker, la critique
Dans les années 1980, à Gotham City, Arthur Fleck, un comédien de stand-up raté est agressé alors qu’il ère dans les rues de la ville déguisé en clown. Méprisé de tous et bafoué, il bascule peu à peu dans la folie pour devenir le Joker, un dangereux tueur psychotique.
Nous ne vous cacherons pas une certaine déception après, objectivement parlant, les critiques unanimement dithyrambiques outre-Atlantique et, subjectivement parlant, nos propres attentes sur ce Joker de 2019.
Certes, l’enjeu était difficile au regard des attentes, mais les premières images et premiers retours laissaient penser que les scénaristes, le réalisateur et toute la troupe du Joker allaient avoir l’intelligence de ne pas produire un navet et à tout le moins un chef d’œuvre, avec un film aux airs d’œuvre d’auteur s’affranchissant des codes des (trop?) nombreux films et séries sortis ces dernières années (du moins post-trilogie nolanienne) traitant de Batman et de son univers.
De chef d’œuvre, ce Joker n’en est pas (pour nous).
De navet, non plus (fort heureusement).
De bon film, il l’est (ce qui est déjà très bien).
À trop promouvoir un film avant sa sortie, à l’ériger à titre de film de l’année, le risque est d’engendrer la déception dont nous sommes nous-mêmes aujourd’hui victimes. Le spectateur s’attend à une telle claque qu’il entre dans la salle obscure certain d’y passer deux des plus belles heures de sa vie de cinéphile. Son cerveau se concentre sur les moindres détails, s’attend directement à des scènes d’anthologie, alors que celles-ci sont rares et n’arrivent qu’à la fin. Avant cela, le film passe près de deux lentes heures à nous montrer la triste vie de ce triste Arthur, sa psychose, ses traumatismes infantiles, et son rire satanique dont on apprend qu’il est névrotique. Chose inédite pour ne pas dire extraordinaire: on prend pitié de l’homme au point de comprendre les motifs qui conduiront ce malheureux à devenir ce génie du crime et du sadisme. Vous réalisez? On plaint et prend pitié du Joker, là! Le film réussit sur ce point son pari, si pari en était, ce qui n’était pas facile.
C’est louable mais quelque peu insuffisant et, toujours subjectivement, quelque peu frustrant. D’autant que certaines scènes sont discutables comme certains choix scénaristiques (particulièrement celui de dépeindre Thomas Wayne, père de Bruce, comme un riche égoïste méprisant des basses classes).
Reste une belle reconstitution d’un Gotham de tags et de crasse où les rats se livrent bataille, une bande-son efficace présente sans trop l’être, une ambiance eighties où la misère suinte et les classes divisées se livrent bataille, des comédiens qui remplissent leur rôle… et LE comédien qui fait le film. Qui de mieux qu’un monstre d’acteur comme Joachim Phoenix pour incarner un monstre en transformation? Quel acteur peut avec un tel naturel pleurer en même temps que ricaner sardoniquement, passer à la seconde du rire aux larmes, de la victime au bourreau? Nous faire vivre sa plongée dans les enfers d’où il resurgira sous les traits de peinture du villain le plus fascinant et le plus emblématique de toutes les mythologies de super-héros confondues (là aussi : écrit subjectivement) ? Phoenix s’affranchit de l’héritage, aussi prestigieux qu’il était épineux, de ses prédécesseurs qu’étaient Romero, Nicholson et (Rest in Peace) Ledger pour tirer sa propre carte du Joker. L’Oscar, il l’aura.
Notre avis
Affranchissez-vous des codes, de ce qui a déjà été vu, et découvrez une œuvre nouvelle dans la mythologie de l’homme chauve-souris sans qu’elle ne soit aussi originale et magistrale que ce qui nous a été vendu. Un bon film, grâce à un Joachim Phoenix magistral.
Note : 4/5