Soudain l’été dernier détonne au Théâtre de l’Odéon

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Depuis sa prise de poste à la tête du Théâtre de l’Odéon suite au décès de Luc Bondy, Stéphane Braunschweig a changé quelque chose dans la vénérable institution. A l’image de la pièce de Tennessee Williams Soudain l’été dernier, les apparences deviennent trompeuses et la végétation luxuriante de la mise en scène cache plus de secrets qu’elle n’en révèle. Le fil de l’histoire tend à révéler les circonstances mystérieuses d’un incident dont fut victime Sébastien, jeune poète soigneusement couvé par sa mère. La description de sa mort est l’enjeu de cette pièce retorse et revêche.

Soudain l’été dernier : Une pièce retorse et revêche

Un imbroglio d’intrigues mais un enjeu principal

7 personnages déambulent sur la vaste scène du Théâtre de l’Odéon. Au coeur d’un jardin proche du paradis perdu, Violette vit des instants difficiles. Différents interlocuteurs lui rendent visite pour tenter de dénouer les fils d’une disparition énigmatique. Un médecin, une domestique et divers membres de la belle famille de son fils débarquent sans y avoir été vraiment invités. Violette est une mère torturée par la disparition de son fils. En payant l’internement de Catherine, cousine du disparu et dernier témoin oculaire du drame, Violette veut pousser sous le tapis des détails gênants qui pourraient faire scandale s’ils étaient confirmés. Les discussions se multiplient et l’enjeu véritable de la pièce met du temps à se révéler, laissant les spectateurs volontairement dans l’expectative. Ce n’est ni l’internement de la cousine, ni les requêtes fielleuses de la belle famille qui constituent le fil rouge de la pièce. Et quand Catherine débute son monologue descriptif d’une mort plus affreuse qu’imaginée initialement, les personnages se taisent, plus un bruit ne se fait entendre sur scène.

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Un retour aux sources

Le film de Mankiewicz sorti en 1959 avec Catherine Hepburn et Elisabeth Taylor donnait une version littérale du drame. Malgré le succès rencontré, Tennessee Williams ne retrouvait pas ses intentions dans cette version cinématographique par trop romancée et dénuée de toute profondeur philosophique. Le metteur en scène revient aux sources et insiste sur la dimension allégorique de la disparition de Sébastien. Quand des jeunes autochtones le dépècent de sa chaire, c’est bien la part de l’autre qui est révélée, montrant bien que les humains se dévorent les uns les autres. Les personnages sont tétanisés, comme si cette mort semblait prévisible tant le mal être de Sébastien allait croissant. Le jeune homme renfermé devient une victime sacrificielle qui horripile sa mère et effraye les convives.

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Une révélation au forceps

Les comédiens alternent au premier plan de la pièce, peu de discussions collectives s’établissent. Un poids silencieux semble peser sur les épaules de chacun. Jean-Baptiste Anoumon figure un médecin quasi détective aux faux airs d’Hercule Poirot. A l’instar du célèbre personnage belge d’Agatha Christie, il détricote les fausses apparences pour faire éclore la sinistre vérité. Son nom rassurant – la salle entière éclate de rire quand il demande à se faire appeler Docteur Sugar à la place de son imprononçable nom polonais – cache l’intention de ne pas se laisser berner. Face à lui, Virginie Colemyn et Luce Mouchel jouent le jeu des entourloupes mais la pièce doit aboutir à la vérité, au coeur d’un jardin tropical, malgré les non-dits et les masques savamment portés.

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Mon avis sur Soudain l’été dernier

Soudain l’été dernier n’a rien de la pièce classique du répertoire ou du récit linéaire. Après Un Tramway mis en scène il y a quelques années dans la même salle, Tennessee Williams confirme qu’il sied bien au Théâtre de l’Odéon. La comédie humaine prend des apparences tragiques que le célèbre dramaturge, n’aurait pas reniées.

En savoir plus sur le site de l’Odéon.

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La bande annonce :

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