The Program dévoile la tricherie organisée d’Armstrong

the program

Le biopic sur Lance Armstrong The Program est l’oeuvre du toujours vert Stephen Frears. Réalisateur de musts comme High Fidelity ou Les liaisons dangereuses, Frears n’a pas eu peur d’aborder le sujet épineux de la tricherie d’Armstrong, grand filou auteur du rapt de 7 Tours de France. En proposant des pistes sur ses intentions et son comportement, il rend Lance à la fois plus proche et plus humain. Le tout dans le contexte d’une enquête rythmée d’un journaliste anglais seul contre tous. Les commentaires sur le net abondent largement quant aux raccourcis empruntés par Frears. Mais qu’importe, le résultat est passionnant, porté par un Ben Foster magistral.

 

the program avis

Et si les clés de l’outrecuidance de Lance Armstrong résidaient dans une revanche sur la vie, lui le survivant d’un cancer des testicules qui aurait pu l’achever? Le début du film insiste sur la soif de victoires d’un jeune texan élevé dans le culte de la réussite. Doué pour le sport en général et le vélo en particulier, il entraperçoit très vite des limites inacceptables. Ayant recours très tôt au dopage, il apprend qu’il souffre d’un cancer, probable conséquence des médicaments ingérés à trop haute dose. Et les images de son traitement sont très difficiles, Frears les rend palpables et intenses, ne faisant plus douter de la soif de vivre d’Armstrong. Couché sur son lit d’hôpital, amaigri et défait, il lutte pour sa survie. Passé par cette épreuve, n’est-il pas imaginable de penser que Lance s’est senti surpuissant? Un traitement si nocif et pourtant indispensable ne peut que laisser une trace indélébile dans l’esprit d’un jeune homme résolu à tout bouffer, le faisant entrer dans une autre dimension.

the program film

Ben Foster use d’un sourire bright dont le mimétisme avec le vrai Armstrong est désarmant. Ayant vécu en live l’aventure du cycliste revenu d’entre les morts, je me souviens de réflexions telles que « avec un tel traitement, on ne peut pas penser qu’il est dopé ». Réflexion raisonnable, mais pas pour un warrior comme Lance. Amaigri, revenu à l’entrainement, il comprend que sa morphologie a été modelée par son épreuve pour convenir au physique idéal du cycliste roi des montagnes. Et vogue les victoires, 7 en tout dans l’épreuve sportive la plus intense du monde, aux côtés de l’Iron Man ou du tour du monde à pied en arrière à cloche-pied. S’infliger de telles souffrances parait inimaginable pour des êtres humains normaux. C’est la même chose pour des êtres humains surpuissants dénués de dopage.

Ben Foster a poussé le mimétisme jusqu’à adopter les mêmes attitudes qu’Armstrong sur un vélo. La même position, les mêmes réflexes. Il reconnait s’être lui-même dopé pour comprendre les effets d’un traitement de cheval sur son corps. Il a grimpé l’Alpe d’Huez lui-même pour comprendre la souffrance. Une telle implication ne peut que forcer le respect. A ses côtés, un surprenant et très crédible Guillaume Canet interprète le Dr. Michele Ferrari, grand pourvoyeur du peloton en EPO. Avec sa voix italienne suraigue, il fascine dans sa transformation en quasi Dr Mabuse. Denis Ménochet s’est fait une place sous le soleil depuis son rôle dans Inglorious Basterds en Monsieur Lapadite manipulé avec éclat par Christopher Walts / Hans Landa. Dans le rôle de l’ancien cycliste et nouveau directeur de course Johan Bruynee, il parvient à rendre le dopage palpable.

Un scénario linéaire suit la quête de victoires du texan, son irrésistible ascension, sa main mise sur le peloton, son utilisation de la coercition et de la menace pour décourager les potentiels fuiteurs, jusqu’à sa chute retentissante. Le dénouement est abordé rapidement, l’interview chez Oprah Winfrey est balancée tel un détail de l’histoire, réduisant d’autant la portée historique de cet évènement. Un grand champion qui avoue sa tricherie, ça ne s’est que très rarement vu. Porté aux nues puis fusillé par le peloton des médias, Armstrong a été accusé de parjure, lui qui niait toute idée de dopage. On peut faire beaucoup de choses aux states, sauf 2: frauder le fisc et mentir. Le film porte avec passion le parcours incroyable d’un homme qui voulait avaler les montagnes…

 

The Program est un excellent film, même pour les récalcitrants au cyclisme. Moi-même peu porté sur le 2 roues, je me suis laissé prendre au jeu mené avec brio par un grand Stephen Frears. L’actualité cinéma est très riche, mais vous pourrez trouver un créneau pour vous laisser emporter tout en haut du mont Ventoux!

 

Voici la bande annonce :

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