Youth s’abime dans une langueur proche de l’ennui

critique film youth

La thématique du temps qui passe est un thème cher au cinéma, abordée de manières diverses. De jeunes chiens fous sans conscience de l’avenir (L’équipée sauvage?), des familles aux parents vieillissants et aux enfants inconscients de ce qui les attend (La splendeur des Amberson?), des seniors qui ressassent leur jeunesse en attendant le dénouement (Youth?). Paolo Sorrentino choisit de situer l’intrigue de Youth dans l’autarcie d’une luxueuse clinique suisse avec un microcosme majoritairement aigri. Des personnages coupés du monde pour se régénérer, recharger les batteries et revenir au top. Mais tous ne sont pas dupes de l’illusion d’un environnement factice au personnel aux petits soins. De riches seniors, des vedettes en plein burn out, des artistes en bout de course, la réflexion philosophique se fait pesante et le film ne donne juste pas envie de vieillir. Pas beaucoup plus. La bande annonce m’avait électrisée, le film peine à convaincre.

Annoncé à grands renforts de promotion lors du dernier festival de Cannes, Youth n’a récolté aucune récompense. Un coup de projecteur atteste que la filmographie de Paolo Sorrentino alterne entre le sublime et le dispensable. La magistral Il Divo très justement acclamé en 2008 avec à la clé le prix du Jury à Cannes, lui qui aurait bien mérité la palme reçue par Entre les Murs, un There must be the place risible en 2011 avec un Sean Penn transformé en corbeau proto-gothique et un Grande Bellezza onirique en 2013 auréolé de l’Oscar du meilleur film étranger et de l’European Film Award du meilleur film. Dans cette filmographie, un point commun pour les meilleurs opus: Tony Servillo. Interprète méconnaissable de Giulio Andreotti dans Il Divo, journaliste fatigué de la jet set dans La Grande Bellezza, il illumine les films de sa présence. Sans lui, Paolo Sorrentino peine à atteindre la stratosphère. Malgré de grands acteurs.

YOUTH film

Dans Youth, Harvey Keitel est un réalisateur en fin de carrière préparant un film testament. Michael Caine est un chef d’orchestre illustre à la retraite, au corps fatigué et à la conscience aiguë de sa fin proche. Après avoir côtoyé les sommets, ils ressassent le passé. Entre soins, plongées dans la piscine et activités de pseudo fête, le séjour se passe sans surprises. La langueur domine, l’ennui règne et les deux amis partagent les petits inconvénients du grand âge. Difficultés urinaires, articulations qui grincent, le réalisateur travaille avec son équipe et le maestro refuse de sortir de sa retraite pour un concert royal. Paul Dano et Rechel Weisz apportent une petite touche de jeunesse dans cet univers grisonnant. De Youth, il n’en est question que de loin. La démonstration tourne en rond…

youth Madalina Ghenea

L’intention de Paolo Sorrentino est trop caricaturale pour atteindre des sommets. Seule l’apparition de la divine Madalina Ghenea donne un peu de strass à un scénario apathique. Son apparition scotche au siège autant les spectateurs que les héros, en tenue d’Eve dans une piscine qui s’offre à elle. Une musique légèrement décalée contribue à tenir à distance d’une histoire mollassonne. Pas vraiment de peps, rythme inexistant. La bande annonce serait-elle trompeuse? Elle qui ne tourne pas autour du pot et se contente de l’essentiel? La dichotomie bande annonce sympa / film décevant rappelle American Bluff. C’est triste. Consacrer un film à un sujet morne et monocorde n’est pas la garantie d’un grand moment cinématographique. Et comme la mise en scène est classique, ça n’aide pas vraiment.

 

Subjugué par une bande annonce magistrale, je me suis dirigé plein d’espoir vers la projection presse. Ressorti passablement déçu, je compte sur d’autres spectateurs plus enthousiastes pour m’éclairer sur ce que j’ai certainement manqué. A vos claviers!

 

La bande annonce :

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