Andy Warhol est la star de l’automne avec pas moins de deux expositions monumentales consacrées à son oeuvre hétérogène et puissante. Le Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris et le Centre Pompidou Metz reviennent sur la trajectoire singulière du roi du Pop Art. L’exposition parisienne Warhol Unlimited est un must pour qui veut apprécier les coups de pic artistiques de l’initiateur d’un mouvement aux résonances toujours actuelles. Suivez le guide.
Conspué par certains, adulé par d’autres, Warhol n’a pas son pareil pour diviser la critique. L’exposition Le Grand Monde d’Andy Warhol au Grand Palais avait illuminé le Grand Palais en 2009 avec 250 portraits rassemblés. Seule l’apparence intéressait le grand Andy, pas l’âme. La répétition quasi industrielle de portraits colorés rompt avec le principe jusque là intangible de l’oeuvre unique. En dupliquant et reproduisant à l’infini le même motif, Warhol prouve qu’il est possible de faire de l’art un produit de consommation courant et jetable. Les détails disparaissent, les visages deviennent flous et voilés. La série Marylin, réalisée peu après la mort de l’actrice d’après l’affiche du film Niagara, devient le reflet du désir de la multitude, une dépersonnalisation du caractère au profit de l’image.
Pas de sérigraphies Marylin ou Liz Taylor au programme de l’exposition Warhol Unlimited. Jackie Kennedy est représentée rayonnante et effondrée dans une juxtaposition qui interpelle. L’accumulation des boites de soupe Campbell frappe par leur similarité 100 fois répétées alors que d’infimes détails permettent pourtant de les distinguer. Toutes pareilles mais toutes différentes, comme chacun de nous. La pièce consacrée à Mao est frappante. Le grand timonier se transforme en affiche publicitaire digne de Coca Cola. Processus de désacralisation, Mao devient une connaissance proche et rassurante. Les motifs de fleurs et de vaches ressemblent à un papier peint industriel, à poser dans une chambre d’enfant. L’art devient un produit de consommation, brouillant les frontières entre utilité et singularité.
Moment phrase de l’exposition, la présentation des vidéos Exploding Pastic Inevitable m’a fait chavirer. La musique du Velvet Underground anime des concerts sauvages où les membres honoraires de la Factory s’en donnent à coeur joie. Car Warhol fut tout autant un vidéaste qu’un plasticien. Montage coupé, flouté, épileptique, les morceaux « Venus in Furs » ou « Heroïn » accompagnent le déchainement des foules dans une orgie de couleurs et de sons. Autre exemple de vidéos marquantes, ces longs portraits immobiles de Salvador Dali, Marcel Duchamp, Lou Reed, Bob Dylan ou Dennis Hopper. Instruction avait été faite de rester devant une caméra pendant de longues minutes, totalement immobile ou pas. La juxtaposition des vidéos dans une grande salle donne une impression d’infini, avec tant de personnages disparus ou en passe de l’être.
La salle la plus représentative de l’exposition comporte 102 toiles juxtaposées sur un mur de plus de 130 mètres de long. Photos d’ombres prises dans l’atelier de l’artiste à New York, entre noir et couleur vives. La répétition crée le vertige dans les 700 mètres carrés d’une salle où le regard se perd dans les variations infinies du même motif. Belle manière de clôturer une exposition qui m’a passionné et envouté. Mais je suis un fan invétéré de l’oeuvre de Warhol, je partais gagnant. Ne vous reste plus qu’à déambuler dans les allées majestueuses du Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris, écrin parfait pour se plonger dans l’oeuvre du génial artiste américain.
Info sur le site du Musée d’Art Moderne de la ville de Paris.