Eurovision 2008. Notre Sébastien national arrive sur une voiture de golf et fait le show, complètement décomplexé, devant l’Europe toute entière. Après sa défaite relative, il a bénéficié d’une petite publicité en France et aussi, un peu, à l’étranger. Artiste volontairement discret, il est à l’écart des radios, et on ne le voit que rarement à la télévision. Est-ce une si mauvaise chose pour lui ? Celui qui a rencontré sa femme pendant une soirée privée du Festival de Cannes ne semble pas perturbé. Il se fait plaisir, donc il nous fait plaisir ; c’est aussi simple que ça.
Il faut dire que ça part quand même de loin. Enfance aisée, révolté jésuite, patient en psychiatrie puis artiste génial, Sébastien Tellier possède déjà une discographie étoffée et plutôt sympathique : depuis 2001, 8 albums dont 1 live ont été enregistrés. Le plus connu reste certainement Sexuality (2008), qui arrive au même moment que l’Eurovision. Désormais célèbre et célébré, une musique retient l’attention de tout le monde et ajoute une brique à l’énorme cathédrale de la french touch : La Ritournelle. Il se vante d’avoir écrit ce morceau en se réveillant un matin ; et si c’était vrai ?
Depuis, il court désespérément derrière une confirmation. Il le sait, tout le monde le sait, il est capable de produire une certaine beauté musicale, un raffinement qui tranche avec sa barbe touffue, ses énormes lunettes et ses cheveux gras. Sa musique ressemble plutôt au costume Yves-Saint Laurent qu’il porte de manière très propre. Du moins, c’est ce qu’il souhaiterait. Album après album, il tente des choses. « Un artiste se doit d’être dans un éternel renouvellement » lâche-t-il volontiers dans des interviews, entre deux délires sur le mode de vie des saumons et des souvenirs d’enfance. C’est ça, le paradoxe Tellier.
My God is Blue(2012) est, à mon sens, une tentative à moitié réussie ; le public aime la musique mais ne suit pas le délire sectaire qu’il tente de mettre en place. Confection est annoncé deux mois avant sa sortie ; un retour au Tellier classique, dont les accords rappellent furieusement ceux de La Ritournelle (encore et toujours). Rien n’y fait, c’est un bon album mais il manque quelque chose…
2014. L’Aventura pointe le bout de son nez, en surfant sur la vague brésilienne, bossa nova et autres parfums d’été. Son look devient plus sobre, moins classe et plus tourné vers le touriste qui sommeil en lui. L’album est bien, très bien même. Réalisé avec Philipe Zdar (ou Cassius pour les intimes), on explore encore quelque chose de nouveau. Une autre facette. Plus calme et plus contemplative. Une des nombreuses facettes de Sébastien, qui cherche lui aussi son nouvel Eldorado, et espère retrouver l’éclair de génie qui l’a transformé en véritable artiste-créateur.
A l’époque où on achetait encore des CD’s, j’avais investi dans « L’incroyable Vérité »… ça remonte!