L’insupportable attente causée par une promesse faite à ma collaboratrice d’attendre de voir Mon Roi en sa présence ne fut pas vaine. Je peux le clamer haut et fort: Mon Roi est un film magistral. Je lui mets un 5/5 et le classe N°2 dans mon Top 10 2015 derrière l’inamovible Birdman. Le film est d’une puissance phénoménale, exacerbant chaque sentiment par un jeu d’acteur magnifique, des dialogues d’une justesse époustouflante et une mise en scène au cordeau. Je suis resté scotché 2h10 durant, incapable de reprendre mon souffle devant tant de justesse et d’authenticité. Les rires succèdent aux chagrins dans un flot ininterrompu de sentiments. Le film est une histoire particulière qui touche à l’universel. Impossible de juger l’Homme ou la Femme en général mais les détails sont tellement nombreux que chacun pourra être touché, ému, interpellé.
Maiwenn a réalisé un film qui fera date, je n’ai pas vu de film français aussi intense depuis La vie d’Adèle. Emmanuelle Bercot est bouleversante et mérite 100 fois son prix d’interprétation à Cannes. Vincent Cassel est d’un charisme fou. Louis Garrel est inimitable de drôlerie. Pour ceux qui veulent s’étonner de toutes les surprises du film (acteurs, scénario, intrigue), lâchez la lecture ici. Découvrir le film et s’émerveiller font partie du package. Pour ceux qui rechignent encore à passer le pas de la salle de ciné, je vais tenter de vous convaincre de tenter une expérience cinématographique forte, avec une avalanche d’émotions à la clé.
Tony (Emmanuelle Bercot) et Georgio (Vincent Cassel) vivent une histoire d’amour fusionnelle et tumultueuse. Avec un enchainement de (très) hauts et de (très) bas. Alors que Tony subit un grave accident de ski, le film retrace leur histoire, des débuts enivrants jusqu’aux irréparables blessures.
Plus qu’un récit d’histoire d’amour passionnelle, Mon Roi brille avant tout par son jeu d’acteur, dont j’ignore la teneur entre improvisation et direction. Chaque plan, chaque dialogue, chaque répartie ont une spontanéité folle qui touchent au coeur. Mon Roi est un film d’échanges et de discussions avec des personnages qui se rencontrent, se font rire ou s’agacent. Vincent Cassel et Emmanuelle Bercot attirent la caméra. D’aucun jugera que leur histoire est bien étrange et qu’il tente de lui faire avaler des couleuvres bien volumineuses. Il n’empêche que la particularité de leur histoire empêche tout jugement généraliste, on nage en pleine fiction. Avec des attitudes et un déroulement qui m’ont personnellement fait chavirer en pleine béatitude, rien de moins.
Vincent Cassel commence par rouler des mécaniques, envoyant des paillettes à une Emmanuelle Bercot sous le charme de ce mâle plein d’ironie et d’autodérision. Mais qu’il soit surtout fantasque, elle ne s’en doute tout d’abord pas avant de le découvrir à son corps défendant. La bande-annonce met ce moment en avant lorsqu’Emmanuelle Bercot lui dit: en fait, je ne te connais pas. Malgré sa faculté à faire rire, à se mettre en scène et sa réussite professionnelle affichée, l’homme a ses secrets et ses contradictions. Amenant le spectateur à se poser la question de sa sincérité. Est-il maladroit ou tellement spécial que ses arrangements avec le couple n’appartiennent qu’à lui? En ne faisant aucun compromis avec ses envies et ses addictions, il met en danger son couple et fragilise Tony.
Les rires et les pleurs d’Emmanuelle Bercot sont aimantés par ce boyfriend fantaisiste. Maiwenn parvient à créer ce personnage bigger than life à la source des tourments de son aimée. Car si elle ne rechigne pas à rentrer dans son jeu, ses limites sont beaucoup plus usuelles. Elle cherche l’amour et la complicité, pas les excès et la duplicité. L’agacement de Tony se transforme petit à petit en névrose, douloureuse, presque autant que la rééducation de son genou. En partant d’un postulat finalement très marginal, Maiwenn parvient à interpeller et à émouvoir. Car sa mise en scène baigne en total naturel, nonobstant les gouts de luxe de Georgio liés à sa réussite et à son exubérance. Autour d’eux, le couple formé par la discrète Isild Le Bescot et le très drôle Louis Garrel donnent de l’épaisseur. La dimension familiale s’immisce dans le couple avec un frère qui donne du recul à une Tony de plus en plus déboussolée. Le très parisien et désinvolte Louis Garrel en boussole, belle ironie de la part de Maiwenn