« This is not a love story », le meilleur film de novembre ?

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Le cinéma indépendant US a encore frappé. This is not a love story est sorti le 18 novembre dans une indifférence polie. Je n’ai pu le visionner qu’aujourd’hui tout début décembre faute à un agenda ciné surchargé. Et l’évidence se fait jour. Oubliez Spectre, Strictly Criminal ou Knight of Cups, les bons films ricains ne font pas de bruit, ne bénéficient pas d’un marketing forcené et parlent d’eux-mêmes. Les voir est souvent une gageur tant leur programmation est réduite voire confidentielle. Mais je peux vous le dire, ce film est une pépite originale et émouvante, aux références si nombreuses que je vais tenter avec difficulté de toutes me les remémorer. Tout retourné par ma réjouissante séance ciné, je me jette sur un clavier pour tenter de vous convaincre de le voir.

 

La critique de This is not a love story

Greg est un adolescent volontairement transparent. Pote avec tout le monde mais ami avec personne, il vise l’anonymat pour éviter tout grabuge. Il ne considère son meilleur ami Earl que comme un collaborateur pour la réalisation de films amateurs ficelés avec les moyens du bord. Quand sa mère l’enjoint de visiter sa jusque là anecdotique connaissance Rachel, son quotidien va être bouleversé. Atteinte d’une leucémie, son caractère entier va changer son regard sur le monde.

This is not a love story joue le contre-pied total avec les films ricains habituels. Greg ne ressemble ni à un acteur de 24 ans bodybuildé ni à suceur de sang moulé dans des habits de lycéen. Il n’est ni une tête de turc tournée en dérision par ses camarades taquins ni le capitaine super héros de l’équipe de foot du lycée. Il est… personne. Sympathique mais fuyant, social mais solitaire, drôle mais discret. Le réalisateur Alfonso Gomez-Rejon multiplie les détails croquignolets pour brosser un portrait comique de cet individu pas si anodin que ça. Fan de Werner Herzog et de François Truffaut à 17 ans, le trait est appuyé pour peinturlurer cet adolescent américain avec des traits européens. C’est une caractéristique commune à beaucoup de films indépendants américains, l’ajout de traits européens ajoute une caution culturelle so chic et souligne la différence entre le héros et ses congénères. Caricatural mais charmant.

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Greg enchaine les sarcasmes à tout bout de champ, prenant volontairement du recul sur sa condition d’adolescent coincé dans une case d’âge qui le rebute profondément. Malaise et gêne sont balayés par des piques cyniques et insolentes. Il compare son visage à celui d’une marmotte et le choix du Groundhog me semble d’ailleurs tout sauf hasardeux (référence à Un jour sans fin, aka Groundhog Day?). Invisible aux yeux de la gente féminine, il s’imagine comme une petite bestiole sous le sabot d’un renne à chaque fois qu’une nana lui parle. La différence entre les deux bêtes symbolise le fossé irrémédiable entre lui et les filles. Mais côtoyer Rachel va lui permettre de comprendre que ses spécificités ne font pas de lui un freak ou un nerd. Les liens tissés avec la malade sont confondants de sincérité et d’humour. Maladroit et prudent, il va consacrer tout son temps à sa nouvelle amie, allant jusqu’à sacrifier ses études.

Adapté du roman de Jesse Andrew « Me and Earl and The Dying Girl«  sorti en 2012, This is not a love story fait la part belle aux références hermétiques. Les mélomanes reconnaitront quelques morceaux extraits de l’album « Here come the warm jets » de Brian Eno (musicien anglais…) et les cinéphiles feront le parallèle avec « Be Kind Rewind » de Michel Gondry pour la référence aux films suédés (réalisateur français…). Les extraits de « Aguirre, la colère de Dieu » ou « Les 400 coups » achèvent de convaincre. Le réalisateur pioche dans la culture européenne pour densifier son histoire et apporter une touche décalée à son héros. La belle amitié entre Greg et Rachel termine le film sur 15 minutes remplies de grâce et de pudeur. Difficile de résister à l’avalanche d’émotions…

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Le casting ne compte qu’un visage connu, Nick Offerman qui a joué dans King Kong et des épisodes de série. Tous les autres visages me sont inconnus, autant le héros Thomas Mann que ses amis Olivia Cooke ou RJ Cyler. On peut attendre néanmoins quelques belles carrières sur la base de ce film. Le réalisateur avait commis quelques épisodes de Glee et American Horror Story. Sorte de saut dans le grand bain, This is not a love story sort débute sur les chapeaux de roue sa carrière cinématographique. Le film est confidentiel de tous côtés…

 

Bilan

A l’instar d’autres films américains discrets et issus du cinéma indépendant comme Detachment, God Bless America ou I used to be darker, ce This is not a love story est une histoire délicate et sans prétention. Un morceau de quotidien, parfois maladroit mais toujours sincère. Je suis bien content de ne pas avoir manqué ce qui ressemblait à la dernière séance ciné sur Paris… mais une sortie prochaine sur la VOD ou en DVD pourrait vous permettre de le découvrir. Rappelez vous de ce film si gracieux!

 

La bande annonce :

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