La fin du monde, tout le monde en parle au moins une fois dans sa vie. Mais est-ce que ça peut arriver ? Est-ce qu’on y contribue ? Comment empêcher la fin du monde ? Quels sont les schémas futurs de notre société ? Et comment y échapper ? Ce sont de nombreuses questions que l’on peut se poser. On est tombé sur une vidéo très bien construite et on vous en parle.
La fin du monde arrive !
Tout du moins, la fin du monde tel qu’on le connaît. Oui, je sais, c’est un peu alarmiste comme titre, mais c’est nécessaire. Je m’explique. On le sait, on consomme beaucoup et on pollue. Ce à quoi on ne pense pas toujours, c’est que la terre réagit à nos actes, et actuellement, pas en bien.
Arthur Keller était, à l’origine, ingénieur aérospatiale. Désormais, il est consultant et conférencier sur les questions d’énergie, de climat et de transition écologique. C’est pourquoi il est particulièrement bien placé pour parler de l’avenir de notre belle planète. Dans une vidéo de la série Next, il parle de la théorie de l’effondrement, selon lui la seule possible. Son regard est particulièrement éclairant sur l’avenir, et on voulait en parler avec vous. Mais avant de commencer, je vous propose de regarder la vidéo pour vous faire une idée :
La vidéo est longue, j’en ai conscience, mais elle vaut le coup. Pour autant, on décrypte tout ensemble ensuite, donc si vous n’avez pas le temps ou l’envie, l’article devrait déjà être une bonne base.
Les notions de bio-capacité et d’empreinte écologique
Pour comprendre les différents schémas, il est essentiel de comprendre ces deux notions :
La bio-capacité
Il s’agit tout simplement de la capacité de la terre (ou d’un endroit donné) à se régénérer, à produire des ressources renouvelables, tout en absorbants les déchets créés par la transformation de ces ressources.
L’empreinte écologique
L’empreinte écologique, c’est plutôt la quantité de surface terrestre productive dont nous avons besoins pour créer ce que nous consommons, et absorber les déchets que nous produisons.
Le site wwf.panda.org utilise un exemple très parlant pour illustrer l’empreinte écologique : « Imaginez que vous êtes un Robinson Crusoé isolé sur une île déserte : quelle devrait être la taille de votre île (terre, lagon et mer accessible compris) pour vous permettre de vivre en autarcie de façon durable et répondre à vos besoins en nourriture, chauffage, matériaux de construction, air pur, eau potable, absorption de déchets ? » Savoir ça vous permet de calculer notre empreinte écologique.
Le jour du dépassement
On peut ajouter à cela, la notion de jour du dépassement, qui est un jour dans l’année où l’on a consommé tout ce que la terre pouvait produire sur une année. Dans le monde, ce jour devrait être fixé à la fin juillet pour l’année 2019. Toujours pour la même année, les Européens l’ont dépassé le 10 mai. Donc au 10 mai, nous avons consommé plus que ce que la terre peut produire en une année…
4 schémas de projection
Arthur Keller nous présente ensuite 4 schémas différents dans lesquels les gens peuvent se projeter. L’hypothèse de base qui s’applique sur les 4 schémas est que notre empreinte écologique a eu un départ exponentielle, ce qui est avéré. Ce que nous démontre Arthur Keller est basé sur l’étude de la dynamique des systèmes, donc il ne s’agit pas d’une théorie du complot, d’une hypothèse farfelue ou autre, mais bien de quelque chose de scientifique et concret.
L’empreinte écologique exponentielle nous donne ce schéma : plus on avance dans le temps, plus notre empreinte écologique monte. Face à ça, les personnes ont plusieurs imaginaires des futurs possibles pour la terre et notre avenir.
1 – L’imaginaire « illimitiste »
Pour ces personnes, et nous connaissons tous bien un certain dirigeant de pays qui pense comme cela, nous infligeons certes une empreinte écologique à la planète, mais la bio-capacité de la planète est tellement loin (voir même infinie) qu’on ne parviendra jamais à la dépasser. Et donc qu’on ne risque rien.
Ce qui donne ce schéma :
Cet imaginaire est très joli, mais totalement irréaliste. Il est difficile de croire que l’on peut consommer, polluer, détruire, autant que l’on veut, et que la limite de la bio-capacité s’éloignera à chaque fois que l’on s’approchera d’elle.
Pour reprendre l’exemple de notre Robinson, s’il s’amuse à faire une orgie tous les soirs avec tout ce qu’il a pêché, chasser, et fait un feu de 10 mètres de haut chaque nuit, et bien il n’aura bien vite plus aucune ressource… Et bien, c’est un peu (totalement) ce que l’on fait…
2 – Les dépassés
Récemment on s’est rendu compte que la courbe de notre empreinte écologique ne continuait pas d’augmenter de manière exponentielle, elle monte toujours, mais moins vite. Certaines personnes ont conscience qu’on a une bio-capacité limitée, mais pensent que l’on pourra se stabiliser en dessous, ce qui nous donnerait ceci :
Ces personnes pensent qu’avec des mesures législatives ou autres, on arrivera à rester en dessous de notre bio-capacité, et qu’on pourra finalement continuer à croître doucement, sans se mettre en danger. Sauf que, cet imaginaire est dépassé. Nombre de scientifiques ont estimé que l’on a dépassé notre bio-capacité dans les années 70, et quand bien même ils se seraient trompés de plusieurs années, ça nous amènerait à quoi ? Aux années 80 ? 90 ? Dans tous les cas, on l’a dépassé. Pour vous donner une idée, il y a 2 – 3 ans, on disait qu’en 2050 il y aurait plus de plastique dans les océans que de poissons… Mais c’est déjà le cas ! Le long du Cap Corse, pour vous donner un exemple, il y a actuellement plus de microparticules de plastique que de planctons.
3 – Les conscients utopistes
C’est actuellement le modèle prôné par nos politiques. Ceux-là, savent que la limite de la bio capacité est dépassée, pense que l’on pourra redescendre en dessous en termes d’empreinte écologique (ce qui est faisable), mais en revanche que notre économie continuera de croître :
Seulement, pour croître, il faut utiliser des ressources, et qui dit utilisation de ressources, dit augmentation de l’empreinte écologique. Certains pays ont pris conscience qu’il fallait faire quelque chose. C’est le cas de la Norvège qui a interdit tout type de déforestation dans son pays et qui va s’opposer à l’importation de produits qui contribuent à la déforestation ailleurs dans le monde. Sauf que, pour arrêter la déforestation, la Norvège s’est mise à utiliser ses réserves de gaz dans la mer du Nord notamment. Et forcément, il s’agit d’utilisation de ressources non-renouvelables, donc d’un modèle qui n’est pas viable sur le long terme. L’économie telle que nous la connaissons, à besoin de l’exploitation de ressources pour survivre. Sauf que des ressources, on en aura bientôt plus à disposition. Saviez-vous qu’avec les rythmes de consommation actuelle, nous n’aurons plus d’or d’ici 10 ans ? Plus d’uranium d’ici 20 ans, de pétrole d’ici 30 ans… Le gaz disparaîtra dans les années 70 et le fer sera une ressource également épuisée d’ici 70 ans. Comment ferons-nous alors pour maintenir une économie, sans des ressources qui nous sont essentielles ? Si vous voulez en savoir un peu plus sur l’épuisement des ressources naturelles, allez jeter un oeil par-là.
Aujourd’hui, rien ne permet d’étayer une théorie, dans laquelle, l’économie pourrait se séparer de l’empreinte écologique. Ce schéma n’est donc pas réaliste non plus.
4 – La théorie de l’effondrement
Malheureusement, le seul schéma réaliste n’est guère réjouissant, mais c’est un futur qui est inéluctable. Ne pas avoir envie d’y croire, c’est se placer dans un des 3 autres schémas. Seulement, il est difficile, dans notre société actuelle, d’envisager la théorie de l’effondrement.
Le dernier schéma serait donc celui-ci. Notre empreinte écologique, exponentielle au départ, aurait donc dépassé largement la bio-capacité de la planète. Sauf que, comme une chose abîmée que l’on continue d’utiliser, la bio-capacité de la planète baisse de plus en plus. Du côté de notre empreinte écologique, il devient donc impossible à un moment de continuer à consommer comme ça. Qu’on le veuille ou non, faute de ressources disponibles, notre empreinte écologique (et notre économie) vont s’effondrer brutalement. Et dans tous les cas, ça finira par arriver. Cet effondrement sera brutal et dangereux, il pourrait même conduire à la disparition de l’espèce humaine.
La solution
Désormais, quoi que l’on fasse, nous arriverons à cet effondrement. Toutefois, il nous reste une petite option : accompagner cet effondrement. Puisqu’il est inéluctable, autant choisir de le vivre plutôt que de le subir. Quel intérêt, me direz-vous ? Puisque de toute façon on va droit à la catastrophe, peu importe ce que l’on fera…
C’est bien simple, imaginez que vous êtes dans un avion, votre avion va se crasher et vous ne pouvez rien faire à ça… Vous avez le choix entre attendre que votre avion se crash, ou de tout tenter pour amortir votre chute.
Et pour éviter la catastrophe, il n’y a pas 36 000 solutions, il faut une prise de conscience monstrueuse. Utiliser des toilettes sèches, stopper l’eau pendant que l’on se savonne les mains, faire son recyclage comme un gentil petit citoyen ne suffit plus. Vous pensez toujours que c’est encore loin ? Les températures que l’on a eues cette année, sont celles qui étaient prévues pour 2050, dans 30 ans (seulement le tiers d’une vie humaine d’ailleurs). Les montées des eaux ? 8 îles ont déjà été englouties par la montée des eaux dans le Pacifique. Le 7e continent que comporte la terre est un continent de plastique, de déchets, d’immondices, qui représente pas moins de 3 fois la taille de la France. Sur les, environ, 8 millions d’espèces existantes sur la planète (insectes compris), près d’un million sont amenées à disparaître très rapidement par notre faute, créant ainsi une nouvelle extinction de masse. Sans insecte pour polliniser nos plantes, nous n’aurons de notre côté plus grand chose à manger (les animaux que nous mangeons non plus d’ailleurs). Bref, même si on n’en ressent pas encore les effets au quotidien, nous sommes en réalité déjà dans un scénario catastrophe.
La seule solution serait une décroissance totale concertée entre les différents pays (qui aurait dû être faite il y a plusieurs années). Si ça peut sembler irréalisable et particulièrement désagréable, il s’agit pourtant de la seule solution que nous avons.
Une décroissance nous permettrait donc de faire baisser notre économie, et également, notre empreinte écologique. L’avantage étant qu’en choisissant la décroissance, nous choisirions la manière de la mettre en oeuvre, et donc, notre nouveau mode de vie. Un bouleversement total dans nos vies, mais nous éviterions une grande partie de la violence due à l’effondrement d’une société.
Concrètement, il s’agit désormais d’agir soi-même sur tout ce que l’on peut faire, comme effectivement le recyclage du bon citoyen modèle, mais aussi de convaincre autour de soi, sa famille, ses amis, son entourage, mais aussi les autorités. Nous fonçons droit dans le mur et changer les mentalités de tous devient d’une urgence capitale. Si vous voulez en discuter avec nous, ou avec les autres lecteurs, n’hésitez pas à laisser un commentaire, de même, si vous voulez parler des actions que vous avez mis en place de votre côté, vous êtes le bienvenu.