Gaspar Noé est un habitué du buzz, de la controverse, du scandale ! « Irréversible » mettait Monica Bellucci en fâcheuse posture, victime d’un viol hyper violent et glauquissime. Filmer des scènes dans leur réalité la plus crue, c’est son choix, sa signature. Un minimum de scénarisation et une vision très particulière de la réalité. Il détonne dans le cinéma français. Et les médias s’en délectent. A se demander s’il en joue uniquement pour faire parler de lui ou si son talent justifie tant de promotion gratuite. Love ne déroge pas à la règle. Annonçé comme un film X extrêmement explicite déguisé en film d’auteur, Love a suscité le débat dès sa présentation à Cannes. Mérite-t-il tant d’attention?
Murphy et Electra vivent une relation intense. Ils multiplient les expériences et vivent leur amour sans compromis. Love accumule les flashbacks et mélange les temps de leur idylle pour mieux en comprendre les tenants et aboutissants.
Le film débute sur une scène qui ne laisse pas de doutes sur la teneur du scénario. Electra (Aomi Muyock) manipule le membre turgescent de Murphy (Karl Glusman). Adroitement si on en juge par le dénouement. La scène n’est pas spécialement obscène, ce n’est pas du porno allemand des années 1970 et les acteurs ne sont pas Rocco et Tabatta. La caméra n’est pas voyeuriste, elle expose sans faux semblant les ébats du couple. Le ton est donné, l’intimité sera l’élément principal du film. Et comme Gaspar utilise régulièrement la musique classique pour agrémenter les démonstrations d’affection (Erik Satie notamment), érotisme rime avec proximité et affection. Avec ses lunettes 3D (inutiles?) sur le nez, le spectateur est lancé en plein coeur des ébats et rien ne lui est épargné. Les scènes non simulées s’enchainent et alternent avec les atermoiements d’un héros victime de ses besoins insatiables. A courir trop de lièvres à la foi, il lasse mais démontre la faiblesse (inhérente?) à l’âme humaine.
Face à lui, l’héroïne partage un intérêt tout particulier pour la multiplication des ébats. Elle clame son amour indéfectible, justification à toutes les expériences et à l’éradication des limites. 90% des scènes de sexe n’ont absolument rien de vulgaire, l’aspect « performance » et « exhibition » habituels des films X ne sont pas mis en avant. Le héros a juste de groooos besoins qu’elle tente de satisfaire le mieux possible. Le film me rappelle un classique de la comédie italienne « Ma femme est un violoncelle » où un héros est plongé en plein doute quant à sa virilité et à l’amour qu’il porte à sa femme. Ce dernier finira complètement fou à force de chercher comment obtenir la satisfaction parfaite. Métaphore du verre éternellement à moitié vide pour qui ne sait faire preuve de tempérance. « Love » utilise les mêmes ficelles, en plus explicite (quoique l’héroïne du film italien soit exhibée assez complètement la plupart du temps) et avec un résultat sensiblement similaire.
Alors oui, le film contient quelques scènes passablement émoustillantes et la fameuse scène à 3 ne peut laisser indifférent. Celle-ci est d’ailleurs exceptionnellement stylisée. Cependant, pour un film d’auteur, « Love » est d’un dépouillement qui frise la niaiserie. Les héros ne travaillent jamais, alors qu’ils habitent chacun dans un appartement à Paris et fréquentent un dealer. Normal, donc? A trop se concentrer sur les moments d’extase ou de turpitudes, le film quitte la normalité proclamée par le réalisateur. Gaspar Noé souhaitait faire un film honnête sur la naissance et la mort d’un amour. On en est loin, quand même… Au final, le sexe est LE élément principal du film et le scénario pourrait être écrit sur une seule feuille de mini bloc-notes. Donc l’alternative est la suivante: si vous voulez voir un film émoustillant, vous trouverez mieux. SI vous voulez voir un film d’auteur, passez votre chemin.
Plus que super fan du dernier film de Noé « Enter the Void », je suis un peu dérouté par cette tentative niaiseuse de démocratiser le sexe. Je ne parlerai même pas de l’utilisation de prénoms risibles pour certains des personnages (Gaspar? Noé? Vraiment?), de l’incohérence flagrante du scénario (à bien y réfléchir, les flashbacks ne forment pas une chronologie cohérente) et de l’irruption malvenue d’un petit enfant dans cette histoire de fesses. Bref… c’est l’été, ce film fera passer le temps. Pour le reste… rien de bien incroyable à y trouver.
La bande annonce :