« La toilette, naissance de l’intime », la femme mise à nue au Musée Marmottan Monet

L’exposition « La toilette. Naissance de l’intime ». est à l’affiche au Musée Marmottan Monet jusqu’au 5 juillet 2015. Grande place de l’impressionnisme à Paris aux côtés du célébrissime Musée d’Orsay, le musée du 16e arrondissement propose régulièrement de très beaux moments de peinture et d’émotion. Marmottan nous a récemment gratifiés de trois fameuses pépites : les expositions Marie Laurencin, Les impressionnistes en privé et Impression soleil levant. Et maintenant cette rétrospective centrée sur ces moments d’intimité où la femme se retrouve seule avec elle-même et se livre à des ablutions, comme autant de témoignages à travers les époques. Une exposition à voir.

L’exposition est un parcours à travers l’histoire de la peinture, de la représentation de la femme et de la toilette. Au moyen-âge, la toilette était un moment social, avec convives, musiciens, servantes et personnages masculins et féminins. Il était d’usage qu’une promiscuité acceptée se substitue à la notion d’intimité. La représentation de la femme flattait la vigueur de son commanditaire, la transformant en quasi-trophé de chasse.

Au XVIIe siècle commence l’ère de la toilette sèche. L’eau est soupçonnée de transmettre des germes et des maladies, l’humain s’en méfie et préfère se frotter le corps avec des tissus blancs. Aujourd’hui, ça peut paraitre complètement anti-hygiénique, mais ça devait faire sens à une époque où l’eau pure était une denrée rare et où le degré de translucidité de l’eau laissait à désirer. Les tableaux montrent donc des femmes qui coiffent leurs longues chevelures et se regardent dans des miroirs. D’ablution, il n’en est pas question. L’eau est bannie. Bonjour les odeurs…

Le XIXe siècle voit la réapparition de l’eau dans le quotidien féminin. La toilette se privatise, l’homme a son fumoir et la femme son salon de toilettes. Les bidets se multiplient et les baignoires reprennent une place prépondérante. La toilette devient un moment d’intimité, la femme prend son temps et s’occupe d’elle. Les peintres se fondent dans le quotidien des femmes, et plus particulièrement les prostitués au sein des nombreuses maisons closes. Elles leur ouvrent leurs portes, dévoilent leurs secrets. Degas ou Toulouse Lautrec multiplient les angles et livrent des visions éthérées de ces moments d’abandon.

La période impressionniste est la plus marquante dans cette exposition. Degas, Bonnard, Manet, Lomont, je suis resté 80% du temps devant les toiles du XIXe siècle. Les peintres impressionnistes aimaient les femmes, qu’ils magnifiaient avec gout et doigté. D’aucuns suggéreraient que les peintres allaient jusqu’à étudier leurs modèles sous tous les angles, je ne confirmerai pas ces ragots.

Toujours est-il que cette exposition mérite le détour et le coup d’oeil. « La toilette, naissance de l’intime » fait honneur au Musée Marmottan Monet. Il reste un peu plus d’un mois pour aller la visiter, n’hésitez pas!

Plus d’info sur le site du Musée Marmottan: http://www.marmottan.fr/fr/exposition_en_cours-musee-2576

 

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