Le festival de Cannes se termine après 10 jours de projections, d’analyses et de spéculations. Les films italiens semblaient tenir le haut du pavé avec « The Tale of Tales », « Mia Madre » et « Youth », « Lobster » semblait un film suffisamment barré pour séduire les frère Coen mais la palme d’or a été décernée au film de Jacques Audiard « Deephan ». 2015 restera l’année du cinéma français à Cannes avec 2 autres récompenses majeures pour le prix d’interprétation féminine décernés à Emmanuelle Bercot dans « Mon roi » et le prix d’interprétation masculine pour Vincent Lindon dans « La loi du marché »; What a day, what a lovely day!
N’ayant pas assisté aux projections cannoises, je n’ai pu me fier qu’à mon instinct et aux articles scrupuleusement lus sur le net. Là où « La vie d’Adèle » semblait un favori unanime en 2013, le seul prix qui semblait couru d’avance était cette année celui de Vincent Lindon, acclamé de toutes parts. Pour la palme, j’évoluais dans un flou complet et intersidéral. Fanatique de Sorrentino depuis « Il Divo » et « La grande Bellezza », j’avais misé toutes mes économies sur « Youth ». Affiche hypnotique avec un magnifique et poétique postérieur féminin, acteurs d’exception avec Michael Caine et Harvey Keitel au casting, une réflexion onirique sur la fin de vie et le bilan d’une existence… mais non, rien, nada. Quant au film très acclamé de Nanni Moretti « Mia Madre » et reconnu comme le premier favori de la quinzaine, pareil, peu d’qued.
Je refais l’histoire mais pas une récompense pour les transalpins, je trouve ça un petit peu juste. 5 films français dans une liste de 19 films, il était écrit qu’une récompense au moins serait francophile. C’est un brelan de récompenses qui honore le cinéma hexagonal. Quant à émettre un sentiment à ce sujet, je m’en garderai bien n’en ayant pas vu un seul. Vincent Lindon doit certainement avoir cassé la baraque dans un rôle déjà tenu 10 fois, il a donc l’habitude et a eu le temps de répéter. Emmanuel Bercot joue une nana hystérique corsetée par un campagnon pervers narcissique, de quoi émouvoir et surprendre. Soit, j’attends les visionnages pour conclure.
Quant à Audiard… je le suis depuis 1996 et son deuxième film « Un héros très discret ». 5 films, 5 réussites, à chaque fois emballé j’étais, voire extatique. Avec Sur mes lèvres, De battre mon coeur s’est arrêté, Un prophète, De rouille et d’os, 5 films, 5 réussites totales. Reconnues certes mais jamais de palme. Je l’aurais donnée 10 fois pour son meilleur film Un Prophète, mais passons, Le ruban blanc était également une réussite totale, le combat fut perdu mais pas injustement du tout. Mais voilà, enfin, l’heure de la reconnaissance mondiale. Enfin peut-on dire, oui il était temps. Ce réalisateur d’exception a triomphé et même si je n’ai pas encore vu le film prévu pour le 26 aout sur les écrans, ce n’est que justice.
Jacques Audiard est le réalisateur hexagonal le plus talentueux, ambitieux, exigeant et ce depuis plus d’une décennie. Cette palme lui permettra de continuer à surprendre et de proposer à des acteurs d’exception de se surpasser. Ici, pas d’acteurs connus, juste des inconnus, tamouls de surcroit. Nul doute qu’Audiard bénéficiera d’une aura encore plus séduisante pour mettre en scène des films toujours plus innovants. L’avenir nous le dira. J’ai hâte. Il n’a certainement pas fini de nous surprendre, voire de nous émouvoir.
Voilà, finies les fêtes jusqu’au petit matin, le champagne , les canapés, les poulettes en décolletés vertigineux. Plus qu’un an à attendre, patience
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