Les films français peinent souvent à sortir de facilités scénaristiques parfois scandaleuses. Des histoires d’adultères, des regards perdus, des sourcils froncés, Catherine Deneuve allongée sur un lit, les ficelles se ressemblent un peu trop souvent. Lorsqu’un scénario innovant apparait, il faut le dire, le clamer haut et fort et pousser un ouf de soulagement. « Au plus près du soleil » ressemble aux scénarios anglo-saxons alambiqués pour un résultat dramatique angoissant. J’applaudis et j’en redemande.
Sophie est juge d’instruction (Sylvie Testud). Elle découvre qu’elle traite le dossier de la mère de son fils adoptif Léo. Femme fatale venimeuse et manipulatrice, Juliette ((Mathilde Bisson) met mal à l’aise la femme de loi qui hésite à lui divulguer la vérité. Son avocat de mari (Grégory Gadebois) la pousse à la confession et se rapproche de la mère biologique de Léo, véritable enjeu de la partie qui va se jouer.
Le film commence comme une comédie de moeurs. Le couple bien comme il faut et financièrement à l’abri du besoin retrouve par hasard la mère de leur fils adoptif. Accusée d’avoir poussé son amant au suicide, Juliette s’en défend avec une morgue assumée sans se laisser impressionner par les conséquences potentielles de son acte. Confrontée à une mante religieuse séduisante et sûre de son fait, la juge d’instruction se referme comme une huitre dans une attitude de mère ours. Consciente du danger que représente la belle blonde, elle demande son incarcération et lui met des bâtons dans les roues. En faisant fi du devoir de réserve et de la plus simple déontologie, elle entretien la lutte de classes pour protéger son fils de cette potiche sexy. Refusant de reconnaitre publiquement l’ascendance du petit Léo, elle choisit le mensonge, conserve le dossier malgré un conflit d’intérêts flagrant et campe sur ses positions.
Face à elle, son mari ne comprend pas cette attitude hostile. Avocat à la cour, il vise la transparence plutôt que la dissimulation. Et sous couvert de bons sentiments, il va animer la flamme de l’animosité entre sa petite famille et la belle croqueuse d’hommes. La comédie de moeurs se transforme en véritable thriller tandis que les positions se resserrent. La langueur des débuts se transforme en tension et la confrontation devient inévitable. Le spectateur assiste à l’incommensurable jusqu’au dénouement final. Je n’en dirai pas plus, le rythme s’emballe comme un ouragan incontrôlable assez inédit dans le cinéma français. Le sens moral est battu en brèche de tous côtés pour la préservation des intérêts particuliers. Lutte fascinante de personnages opposés où la perversité affleure derrière d’apparentes bonnes volontés.
Pénalisé par une promotion très minimale, le film risque de ne pas faire de très bons résultats, et c’est bien dommage. Pour les amateurs de films français au dessus de la moyenne, une belle surprise peut être au rendez-vous. Laissez-vous tenter.