Alain Pacadis l’homme qui fit le lien entre l’underground et le reste du monde

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Milieu des années 80. Au fond d’une boite de nuit, un mec est assis et regarde, autour de lui, la foule de noctambules qui se déhanche en rythme, sur une nouvelle musique que l’on appelle « House ». Le mélange entre musique funk, disco et électronique est efficace ; tout le monde danse, et la nuit se passe comme ça. Jusqu’au petit matin, il les regarde en prenant des notes, en discutant avec certains d’entre-eux. Parfois il fait une interview. Le lendemain, tout ça sera retranscrit dans sa chronique intitulée *Whiteflash*, située en page centrale du tout nouveau journal *Libération*.

 

À l’époque, *Libé* est un journal de gauche, où la culture tient un place énorme. La mode était alors à la mouvance rock, punk et de nouveaux groupes émergeaient de manière régulière : Les Stooges (avec un certain Iggy Pop), Le Velvet Underground (sponsorisé par un certain Andy Warhol et un chanteur alors inconnu, Lou Reed), Les New-York Dolls… Il faut quelqu’un qui rende compte de ça, qui se fasse le lien entre cette culture dite « underground » et le reste du monde. Alain Pacadis sera cet homme : déjà plongé au milieu de cette culture nouvelle, c’est pour lui naturel de parler de tout cet univers émergeant, qui se met en place à Paris petit-à-petit.

 

Chroniqueur à la fois mondain et culturel, Pacadis fait le tour de la capitale et de ses lieux les plus emblématiques. Son QG se situe au Palace, où il côtoie les stars de l’époque : il sera le grand ami de Thierry Ardisson, Andy Warhol, Serge Gainsbourg, et obtiendra d’eux des interviews complètement inédites. L’alcool, l’ambiance des boites de nuit : le cocktail est efficace et lui permet de récupérer des confessions impossibles à avoir en temps normal. Pacadis est efficace, mais sa gloire est pourtant très fragile.

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Sa vie décalée n’est pas volontaire. Militant dans divers mouvements de gauche, Pacadis plonge aussi assez jeune dans la drogue et l’alcool après le suicide de sa mère. Animé par une pulsion autodestructrice, il fera expérience de tout. Sa carrière en fera forcément les frais, et il sera plusieurs fois dénigré et écarté de la presse. D’apparence négligée, il porte aussi le complexe d’un physique ingrat et disgracieux ; c’est un point commun qu’il se trouve avec Gainsbourg, ce qui les poussera à avoir un concours « du visage le plus laid ». De moins en moins lucide sur lui-même et ne se préoccupant plus de sa déchéance, il sombre totalement.

 

Un soir, il se voit refuser l’entrée du Palace où il a ses habitudes ; le propriétaire à changé, et il n’est plus invité à entrer. Il reprend alors un taxi pour rentrer chez lui. Celui-ci le jette dehors, lorsqu’il se rend compte qu’il n’a plus d’argent pour payer sa course. À bout de force, il parle à sa compagne (un transsexuel appelé Dinah) : « Si tu m’aimes, tues-moi ». Alain s’éteindra donc en 1986. Il laisse derrière lui un livre regroupant ses chroniques, *Un jeune homme chic*, qui n’est malheureusement plus trouvable de nos jours et qui vaut une petite fortune…

 

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