L’année 2014 touche à sa fin, l’heure est venue de regarder dans le rétroviseur. Certains repenseront aux meilleurs marathons de l’année, d’autres se remémoreront les meilleures couvertures de « Lui », certains se concentreront sur les meilleurs livres, les meilleurs opéras… pour ma part, je me contenterai d’un humble classement de mes 10 films subjectifs persos préférés de l’année. Un peu comme le classement des mes 10 enfants préférés de l’année. Sur 220. Papa ciné n’a pas chômé!
En numéro 10, « Les poings contre les murs » donne l’occasion à David Mackenzie d’enfermer le jeune Jack O’Connell dans une prison remplie de psychopathes et de meurtriers. Sociopathe mal dégrossi, le jeune Eric lutte pour exister au milieu des matons, des détenus et de son père lui même enfermé dans la même prison. 2014 fut l’année des films de prisons, avec également un « R » éprouvant. Le film de prison a marqué l’histoire du cinéma avec « Un prophète », « Les évadés », « Midnight Express », « Hunger » ou « Papillon », l’année 2014 lui fait passer une nouvelle marche. Toujours plus radicale et émotionnelle.
En numéro 9, « Un été à Osage County ». Une famille américaine se déchire à la mort du patriarche. Les enfants rappliquent pour soutenir une mère psychotique au dernier degré. Une fois de plus, l’immense Merryl Streep crève l’écran et interprète un personnage bigger than life. A ses côtés, Julia Roberts, Ewan McGregor et Benedict Cumberbatch n’en sont que meilleurs. Mais son rôle de marâtre m’a grandement perturbé et donné envie de revoir ce film plus retors qu’il n’y parait.
En numéro 8, « Eastern Boys » enivre et hypnotise. La rencontre d’un quinqua célibataire avec un jeune émigré de l’Est va bouleverser son quotidien, sa vie et son avenir. Robin Campillo tente la distanciation pour raconter ce conte moderne d’amour et de violence. Les repères sont déstructurés, les rapports sont désincarnés, l’humanité est bradée. Un ton bien particulier emplit le film d’une vision différente, quasi inédite.
En numéro 7, le film foutraque de l’année, super délire, ce « Wrong Cops » complètement barré. Des flics du LAPD sont dealers, acteurs X, compositeurs techno, tout sauf flics. Les pochades s’enchainent dans une incohérence totale, seules les blagues tiennent lieu de fil conducteur. Quentin Dupieux, alias Mr Oizo livre une pépite foisonnante de n’importe quoi. On en redemande. Bientôt son prochain film « Réalité » avec Alain Chabat, encore un gros délire en perspective.
En numéro 6, l’inoubliable « Dallas Buyers Club » et ses deux acteurs grandioses, Matthew McConaughey et Jared Leto ont 100 fois mérité leurs oscars. Cette histoire de cowboy roots et bordélique infecté par le virus HIV et qui voit tous ses repères volés en éclat est un des grands moments d’émotion de l’année. Après « Killer Joe », « Paperboy » et « Mud », Matthew achève de convaincre de sa mue. Oubliés les rôles dispensables, il créera l’évènement à chacune de ses prestations. « True Detective » et « Interstellar » ne l’ont pas fait mentir.
En numéro 5, « Nymphomaniac Volume 1 ». Annoncé à grands renforts de bandes annonces explicitement libidineuses, le volume 1 est pourtant un grand film de réflexion qui évoque Bach, la pêche, la philosophie. Un vieil homme recueille une jeune femme maltraitée, le récit de sa vie mène le spectateur dans un monde d’idées et de concepts. Le volume 2 sera inversement explicite et transversal, ce volume 1 se contente d’être passionnant. Et surprenant. Mon premier film 2014 vu au cinéma a droit à sa place dans le Top 5!
En numéro 4, revoilà McConaughey dans « Interstellar », film d’une cohérence prodigieuse vu le nombre de chausse-trappes qu’a su éviter Christopher Nolan. Film monde, en lutte avec la physique, l’écologie et la philosophie, Interstellar fascine par son ambition cosmogonique. L’avenir est sombre pour l »humanité, l’urgence de découvrir d’autres mondes force un ancien cosmonaute à tenter le voyage spatial. Voyage qui le mènera aux confins de l’espace et du temps. Musique inoubliable, émotion omniprésente, sublime numéro d’acteur. Tant attendu, le résultat laisse rêveur.
En numéro 3, »Mr Turner » propose une vision singulière du peintre anglais. Handicapé social mais doté d’un esprit prodigieux, il mène sa barque et son pinceau sur de sublimes toiles pré-impressionnistes. L’homme est un cochon ruminant mais son oeuvre est grandiose. La dichotomie est saisissante et impressionne. Palme d’or du meilleur acteur méritée pour Timothy Spall, impérial en peintre reclus dans son monde de beauté et de magie.
En numéro 2, « Sils Maria » fut le grand oublié du palmarès du festival de Cannes. Une actrice vieillissante s’est fait connaitre dans un rôle de jeune secrétaire qui jette son emprise sur une rédactrice chevronnée. En rejouant dans cette pièce dans le rôle cette fois de l’ainée, elle se confronte à sa vie trop vite passée. Juliette Binoche et Kristen Stewart forment un duo surprenant, claustrophobique et ambitieux. Il faut se laisser bercer par le faux rythme et les vrais rebondissements.
En numéro 1, le phénoménal « Boyhood » propose de suivre les mêmes personnages sur 12 années. Le jeune enfant commence à 6 ans pour finir à sa majorité. C’est admirable et destiné (je l’espère) à tout casser aux prochains Oscars. Ethan Hawke et Patricia Arquette se prêtent au jeu sans fard ni mesure et accompagnent le jeune Ellar Coltrane dans sa mue. On sort de la salle déboussolé. A-t-on vu un documentaire? un témoignage? Non, juste un vrai film, emphatique, vrai. Et vous, qui étiez vous il y a 12 ans?
Au final, 2014 fut une belle année cinématographique, surprenante et enrichissante. Espérons que 2015 sera à sa mesure!
Ouch, vu à ce jour : aucun
A voir en DVD en 2015 : interstellar.
Le reste, je passe …