Bernard-Marie Koltès, l’auteur qui a permis au théâtre contemporain d’éclater au grand jour

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Des soirs, je ne sais même plus comment commencer un article. Koltès… Je le connais bien, ce mec. Je connais sa vie quasiment sur le bout des doigts, sans parler de son écriture. Je le connais. Je saurais quoi en dire, sur sa jeunesse, ses voyages, ses premières amours avec le théâtre. Sur sa vision des rapports entre les hommes. En fait, nous basons nos relations sur un système d’échange. On fait du troc avec les autres ; tu me donnes ton amitié, je te donne la mienne. Tu m’aimes, donc je t’aime. Et si je ne te dis pas ce que tu veux, est-ce que tu seras capable de le deviner ?

Deux mecs se croisent ; Dans la solitude des champs de coton est l’histoire d’un mec appelé Dealer, déambulant un soir, dans la rue. Il rencontre un autre mec, le Client, qui lui aussi se trouve là, par hasard. L’objet du deal, on ne le saura jamais. Les allusions sont nombreuses, l’échange vire parfois à l’affrontement, on ne sait pas vraiment qui domine qui. Quelqu’un domine-t-il ? Les rôles s’inversent souvent. Pessimiste, Koltès transforme alors la rue en une arène dans laquelle les deux protagonistes n’ont pas d’autre choix que de se battre. Celui qui a le pouvoir n’est pas assuré de gagner ; la seule chose dont on peut être sûr, c’est que le Dealer a besoin du Client : pour l’échange, pour l’affrontement, pour exister, tout simplement.

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Je ne sais pas comment commencer mon article. Koltès, c’est un peu notre Jim Morrison à la française. Un beau gosse, une gueule d’ange qui ferait craquer n’importe quelle jeune fille aujourd’hui. Il est né à Metz, dans une famille plutôt bourgeoise, où les carrières se construisent si possible dans le domaine militaire. Il aime le théâtre, depuis tout jeune ; donc, dès qu’il se sent prêt, il écrit. Quelques voyages en fin d’adolescence : États-Unis, Afrique Noire. Il continue d’écrire, monte une troupe qui ne fonctionne pas. Un jour, il rencontre Patrice Chéreau. Et depuis ce jour, le grand public a découvert Bernard-Marie Koltès.

Mort prématurément de la maladie la plus dévastatrice du début des années 90, il laisse une oeuvre conséquente par la réflexion et les nombreuses interprétations qu’elle apporte. Koltès a permis au théâtre contemporain d’éclater au grand jour ; il est la marche qui se trouve au-dessus du Théâtre de l’Absurde, amorcé par Ionesco et Beckett. C’est un théâtre d’Aujourd’hui, avec des problématiques qui résonnent dans l’esprit et même dans la vie du spectateur. Koltès ne triche pas, jamais, et ne cherche pas à modifier la réalité pour en tirer des situations, non ; Koltès nous montre que les situations que nous vivons sont naturellement des réalités de théâtre.

Tout ça c’est ce qu’il faudrait que je dise sur lui, c’est le principal. Mais je n’arriverai pas à commencer mon article, parce que ça serait le réduire à quelques petites choses ; Koltès était un grand auteur, c’est tout ce qu’il faut retenir.

 

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