Lost River : un passage à la réalisation réussi pour Ryan Gosling

critique Lost River

Alors que beaucoup d’acteurs ont déjà tenté leur chance derrière la caméra, c’est au tour de Ryan Gosling de céder à la tentation. Pour Lost River, son premier long métrage l’acteur endosse la double casquette de scénariste et réalisateur. Si son passage à Cannes n’a pas vraiment convaincu, le film sors en salle dans une version légèrement modifiée. Avec ce Lost River, Ryan Gosling nous livre un film à la limite du cinéma fantastique avec des inspirations venant tout droit du cinéma de Lynch, une oeuvre qui parait très personnelle de la part du jeune réalisateur canadien. L’acharnement des critiques us était t-elle justifié ? La réponse dans ma critique.

 

Dans une ville qui se meurt, Billy, mère célibataire de deux enfants, est entraînée peu à peu dans les bas-fonds d’un monde sombre et macabre, pendant que Bones, son fils aîné, découvre une route secrète menant à une cité engloutie. Billy et son fils devront aller jusqu’au bout pour que leur famille s’en sorte. Voilà donc le synopsis du film. Ryan Gosling en parlait comme d’un « Dark Goonies », aux premiers abords la ressemblance avec les Goonies peut ne pas vous frapper, mais ne vous y trompez pas le film du canadien partage bien quelques similitudes autant avec les Goonies qu’avec les contes de fées. Si plus tôt dans ma critique j’évoquais un film personnel de la part de Ryan Gosling c’est aussi, car l’acteur s’est beaucoup inspiré d’un lac dans lequel il avait l’habitude de se baigner avant d’apprendre que ce lac était recouvrait une ancienne ville. L’histoire de Lost River tient de cette anecdote en partie.

329064.jpg-r_640_600-b_1_D6D6D6-f_jpg-q_x-xxyxxCe qui impressionne lors du visionnage du film, c’est de voir à quel point le canadien est perpétuellement entrain de flirter avec le cinéma fantastique, on pourrait presque croire que cette ville est réellement touchée par une malédiction. Un sentiment renforcé par le fait que les panoramas que nous offre Gosling nous font ressentir autant d’admiration que de tristesse, avec des bâtiments, des quartiers et une ville totalement abandonnée ou presque, où la nature a repris le dessus sur l’homme. Tout comme le fait d’avoir laisser la population de Detroit participer au film sans même que cela soit prévu, rajoutant ce sentiment de quelque chose de spontané et d’imprévisible qui confère à Lost River ce côté très réaliste du film. Le film se base sur une structure de conte de fée très sombre avec le sentiment que finalement la ville de Detroit est peut être la princesse en détresse qu’il faut sauver de la malédiction, mais aussi, car les personnages présentés dans le film ont tous des éléments des personnages du conte de fée. Le personnage de Reda Kateb par exemple, un chauffeur de taxi, apparaît plutôt comme le sauveur de cette famille en faisant de son taxi son lieu sûr, son refuge.

BTS_00175.CR2Très souvent ce genre de film laisse quelques passages qui mettent le spectateur mal à l’aise, mais Lost River évite ce rite de passage et nous propose des situations bien plus intelligentes qu’à l’accoutumé. Même s’il est vrai que certaines scènes sont plutôt dures, le film ne plonge pas dans une espèce de malaise permanent qui fini presque par vous enlever le plaisir de voir un film. Ryan Gosling a préféré mettre en avant la ville et ses personnages, finalement comme s’ils représentaient un univers totalement à part entière à l’écart du monde que l’on connait, ce qui permet au spectateur d’être immergé et captivé par la beauté et la tristesse qui se dégage de tout cet univers. De plus le travail fait sur les lumières, renforce cet aspect univers à la frontière du réel et du fantastique. Au-delà des qualités visuelles de cet univers, il faut admettre que pour une première, Ryan Gosling s’en tire avec les honneurs, il met en valeur ses environnements et ce qu’il a envie de raconter à travers eux et avec ce qui l’entoure. À plusieurs moment dans le film, j’ai été surpris de voir qu’il aurait pu prendre une tout autre direction, car certain plan font réellement penser au genre du thriller. Avec, parfois même, presque des faux airs de Seven de Fincher.

Comment ne pas évoquer le travail des acteurs quasi-parfait sur toute la ligne. Un premier rôle tenu par Iain De Caestecker que l’ on peut voir dans la série Marvel Agent of Shield et qui se révèle époustouflant. Le reste du casting est très bon aussi, avec Christina Hendricks, Matt Smith (Doctor Who) qui incarne la parfaite menace et le côté bestiale du film, Ben Mendelsohn et même Eva Mendes. Il est vrai que le film à tout de même quelques grosses longueurs et quelques pertes scénaristiques.

Lost River ne plaira pas à tous, mais avec ce genre de film les avis divergent souvent. La preuve est que le film a reçu un très mauvais accueil critique en général. Pourtant, Lost River m’a fait voyager comme c’est rarement le cas, chaque seconde que je passais dans cet univers très visuel était une seconde de plaisir supplémentaire. Alors, oui le film n’est pas exempt de défauts, ses quelques moments de longueurs et ses problèmes scénaristiques sont bien réels, mais comment ne pas pardonner le jeune réalisateur tant il nous livre une oeuvre personnelle à la fois sombre et magnifique dans des lieux aussi glaçant que magistrales porté par des acteurs étincelant et le tout en jouant presque toujours aux frontières du fantastique.

Voici la bande annonce :

1 COMMENTAIRE

  1. Très bonne critique !!
    Je ne comprends pas que ce film, très fort, ait été à ce point descendu par les critiques.
    C’est un film fort, poignant, en dehors de tous les blockbusters qui nous inondent habituellement et pour une première réalisation, c’est un coup de maître !!
    Chapeau Ryan Gosling !!!

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