La critique de la bande dessinée Wormworld Saga, T1 : Le voyage commence, de Daniel Lieske aux éditions Dupuis.
Résumé :
Le dernier jour d’école vient de se terminer pour Jonas qui va passer l’été chez sa grand-mère avec son père avant de faire son entrée au collège. Seulement l’été s’annonce loin d’être de tout repos pour le jeune garçon puisque son père souhaite qu’il revoie ses cours en raison de ses résultats décevants. Mais Jonas, passionné de dessins et d’aventures imaginaires, ne l’entend pas de cette oreille. Avide d’exploration, il découvre ainsi un passage secret dans le grenier de sa grand-mère ; un passage qui entraîne sa chute dans un monde inconnu et peuplé de mystères.
Notre avis :
Avant d’être un album papier, Wormworld Saga est une bande dessinée allemande diffusée gratuitement sur le web par son auteur Daniel Lieske, créateur digital allemand et fondateur de la première communauté d’artistes numériques germanophones œuvrant en BD, illustration, publicité mais aussi en jeux vidéos. Le pari du gratuit s’est révélé payant pour l’artiste qui a réuni plus d’un million de lecteurs dans le monde, autant de fans qui sont aussi ses premiers collaborateurs, traduisant chaque nouvel épisode dans leur langue d’origine. Vous pouvez d’ailleurs retrouver légalement et gratuitement les six premiers chapitres de la saga à cette adresse. Quant au premier tome édité par Dupuis, il contient les trois premiers chapitres ainsi que des pages « fan arts » et de « making-off » très intéressantes pour revenir sur les origines de la série, ses étapes de construction et pour en savoir plus sur le monde merveilleux qui nous attend avec cette histoire.
Concernant le scénario à proprement parler de ce premier volume, on est clairement dans un tome introductif qui vient présenter le personnage principal de la série et sa découverte d’un autre monde via un mystérieux portail. Hormis ces quelques aspects, agrémentés de quelques pas dans ce nouveau décor aussi dangereux que féérique, autant dire qu’il ne se passe pas grand-chose. L’auteur pose quelques unes des bases de son histoire et c’est tout. On ne sait rien de ce nouveau monde. Les pages de commentaires à la fin de l’album nous révèlent cependant de nombreux éléments sur ce qui nous attend dans cette « Saga du Grand Ver ». Si ces pages « bonus » sont très intéressantes, elles font malheureusement aussi preuve de nombreux spoils malvenus qui risquent de gâcher les prochains tomes.
Pour revenir au scénario, s’il ne se passe pas énormément de choses dans ce tome introductif, on repère toutefois immédiatement les inspirations de l’auteur. L’histoire nous plonge ainsi dans un univers de fantasy classique agrémenté de fantastique et de merveilleux. Si l’auteur cite lui-même les films Dark Crystal et Labyrinthe de Jim Henson comme modèles, nous pouvons aussi penser à des œuvres comme Le Monde de Narnia, Alice au pays des merveilles, Max et les maximonstres, Le secret de Therabithia ou encore L’Histoire sans fin. Bref, autant de références cultes issues de la fantasy classique avec pour principal point d’orgue le passage entre notre monde et un monde fantastique qui n’existe parfois que dans l’imagination des personnages. Un voyage dont on se demande donc toujours s’il est vrai ; une problématique que l’on retrouve d’ailleurs dès les premières pages de ce récit. Le personnage également semble tout droit sorti de cette tradition de la fantasy : un jeune garçon qui aime rêver et dessiner afin de vivre des aventures imaginaires se retrouve être le sauveur d’un mystérieux monde parallèle.
Cependant ce qui apparaît aussi à la vue de ce premier tome c’est que si l’auteur reprend les mêmes ingrédients, il peine aussi à leur apporter un petit peu d’originalité. Pour l’instant, on reste dans une œuvre très (trop ?) classique dans son genre et on attend de la suite qu’elle sorte un peu de toutes ces influences pour créer « son » monde. Un univers dont on ne sait pas grand-chose pour l’instant il est vrai mais qui possède le potentiel enchanteur et merveilleux suffisant pour proposer une aventure digne de ce nom. Concernant le public auquel s’adresse l’album, le ton et le trait sont nettement marqués jeunesse même si tout le public friand de ce type d’univers y trouvera également son compte.
Au niveau du dessin, l’ensemble est réalisé par des outils 100 % numériques ce qui donne un résultat très proche d’un film d’animation. Le trait est d’ailleurs clairement connoté « jeunesse ». Notons aussi un bon sens du détail et un très beau travail sur les décors surtout une fois que l’on passe dans cet autre monde. L’auteur nous sert alors une avalanche de décors luxuriants et enchanteurs. Graphiquement, l’auteur réussit donc son coup grâce à de beaux dessins et de superbes couleurs.
Conclusion :
Difficile de juger Wormworld Saga avec ce premier tome pour deux raisons : d’abord, on reste clairement dans des chapitres de mise en place de l’histoire ; ensuite, l’œuvre reprend des ingrédients déjà vus dans la fantasy sans réussir à leur apporter sa propre touche. Reste à voir donc ce que l’auteur fera de cet univers et les réponses qu’il apportera aux questions posées par l’histoire : quel est ce nouveau monde ? Pourquoi le personnage y était attendu ? Qu’est-ce qui l’attend ? Néanmoins, même si l’auteur utilise des éléments déjà vus pour son intrigue, cela reste des rouages qui ont maintes et maintes fois fait leurs preuves procurant de nombreuses heures palpitantes aux fans de fantasy classique…