Des César 2016 doux/amers

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La 41e cérémonie des César s’est clôturée que déjà bruissent les bruits de la contestation. La maitresse de cérémonie Florence Foresti n’a pu sauver la soirée d’une éternelle et irrémédiable longueur malgré quelques couts d’éclats initiaux réussis. Le palmarès n’a pas été aussi varié depuis bien longtemps, des films ont triomphé plus que d’autres et certain films ont été injustement oubliés. Vient le temps du debriefing et des commentaires, forcément subjectifs et emprunts de mauvaise foi. 

Débriefing des César 2016

La nomination de Florence Foresti comme maitresse de cérémonie fut une surprise. Là où ni Edouard Baer, Cécile de France ou Antoine de Caunes ne réussirent à maintenir le bateau à flot toute la soirée, allait-elle réussir l’impossible? Florence commençait sur les chapeaux de roue avec une avalanche de vannes bien senties et visant gentiment le président de l’Académie des Arts et Techniques du Cinéma Alain Terzian, la maire de Paris Anne Hidalgo et surtout le duo de Mon roi Emmanuelle Bercot et Vincent Cassel. Mais si le comique burlesque de la présentatrice secrètement éprise de la star absente Cassel a fait d’abord rire à gorges déployées, l’incessante répétition de la plaisanterie a lassé. Car la soirée s’est étirée en longueur jusqu’à lasser les plus enthousiastes. La faute selon moi à l’accumulation de prix techniques certes importants mais pas télégéniques pour un sou. L’Académie a beau chapeauter tout autant les Arts que les Techniques du Cinéma, le spectateur doit-il pour autant supporter le défilé de nobodys s’occupant du décor, des costume, de la photo ou du montage? Soyons francs, ces récompenses intéressent avant tout les professionnels de la profession mais certainement pas le grand public. Mais nous sommes dans le pays qui ne change jamais et s’enfonce inexorablement, c’est comme un cri dans la nuit…

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Revenons au palmarès. Qui pour une fois est varié, comme une bouffée d’air frais après plusieurs années monomaniaques. Timbuktu en 2015, Les Garçons et Guillaume, à table ! en 2014 et Amour en 2013 étaient autant d’exemples montrant bien que plus de 4 récompenses pour un film phagocyte irrémédiablement l’évènement. Cette année, Mustang et Marguerite ont plafonné chacun à 4 César, laissant de la place à d’autres flamboyants succès. Le grand vainqueur de la soirée est peut être Fatima avec la récompense suprême de meilleur film en plus de 2 autres récompenses. Les acteurs inscrits au patrimoine cinématographique national Vincent Lindon et Catherine Frot remportent les prix de meilleur acteur et meilleure actrice comme autant d’hommages pour l’ensemble de leur carrière. Ça, c’est fait. 

Il y a beaucoup à dire sur Fatima. 255 000 spectateurs au compteur, une promotion minimale mais un vrai coup de coeur 2015. L’histoire d’une mère courage qui se bat pour assurer une subsistance plus que minimale à ses deux filles a ému chacun des spectateurs. Un accident aussi soudain que consternant brise son élan. Je me souviens du cri entendu dans la salle  lors de cette chute « Oh noooo » sorti tout droit des tripes. Un film qui touche au plus profond par sa vision réaliste tout autant que positive de l’immigration, loin des habituels clichés et faux semblants. Une récompense 100 fois méritée loin de tout angélisme ou bienséance réconfortante mais mensongère. Les prix du Meilleur espoir féminin et de la Meilleure adaptation ne font qu’accentuer la pertinence du film de Philippe Faucon, vainqueur du coeur de cette cérémonie des César.

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Philippe Faucon et ses actrices pour Fatima

Les persifleurs diront que le sacre de Vincent Lindon ouvre la dernière barrière au sacre de Léonardo DiCaprio aux Oscars de dimanche, lui aussi tant de fois cité sans jamais vaincre. Nous sommes de tout coeur avec toi, Léo! Le prix du meilleur réalisateur pour Arnaud Desplechins est la vraie (mauvaise) surprise du palmarès. Le film très parisien ethnocentré fait pâlir par son étroitesse d’esprit et ses poncifs, un prix à oublier pour ne pas se gâcher la vie. Marguerite récolte 4 prix pour récompenser la comédie française, comme un aveu forcé de la profession que s’il ne faut pas oublier ce secteur clé de la production nationale, ce peut être au dépens d’autres films plus méritants. L’autre grand vainqueur de la soirée est ce rafraichissant Mustang. L’histoire de 4 jeunes filles en quête de liberté dans un coin reculé de la Turquie bouscule et rassérène. Les 4 récompenses amassées saluent un cinéma cosmopolite qui ouvre les yeux et fait décoller. Il faut également saluer le prix du meilleur espoir masculin pour Rod Paradot, héros énervé et à fleur de peau de La Tête haute. Remise des prix touchante avec l’émotion totalement incontrôlée du jeune acteur, ça fait plaisir à voir… Avec Benoit Magimel en plus pour le pris du Meilleur second rôle masculin, c’est une belle victoire pour le film d’Emmanuelle Bercot. 

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Catherine Frot, meilleure actrice pour Marguerite

Moi qui attendait Luchini pour son rôle touchant dans L’Hermine, c’est finalement Sidse Babett-Knudsen qui ravit la foule par son excitation juvénile lors de la remise du prix de la Meilleure actrice dans un second rôle. Autre moment vibrant, celui de la remise du César d’Honneur à Michael Douglas. Son français impeccable avec cette touche charmante d’accent ricain a ému toute la salle du Théâtre du Chatelet. Vient maintenant le temps des regrets et des récriminations. Moment hautement personnel mais j’ai le droit car c’est moi qui écrit. 3 grands films ne doivent pas être oubliés malgré leur criante absence du palmarès. Les Cowboys avait touché un public nombreux, une ou deux récompenses n’auraient pas été usurpées. Dheepan a triomphé à Cannes, sa feuille blanche fait désordre et Audiard aurait bien mérité un prix du Meilleur Réalisateur à la place de l’autre machin rive gauche parisienne. Et je finis par mon scandale personnel de la soirée. Le grand, le prodigieux, le magnifique Mon roi qui repart bredouille. Ca sent la vendetta contre ce film renversant et totalement iconoclaste. Là aussi, Cannes ne s’était pas trompé en primant Emmanuelle Bercot… Les César boudent, c’est moche.

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Emmanuelle Bercot, réalisatrice de La tête haute et actrice dans Mon roi

 

Bilan des César 2016

Un dernier mot sur le nombre de récompenses: 23, c’est beaucoup trop. 50% de moins rendrait la cérémonie plus rythmée et agréable. Florence Foresti a tenu 2 heures durant avant de s’effondrer dans la dernière ligne droite, vaincue par le trop plein d’une soirée qui devrait viser l’ellipse pour maintenir son rythme. Restent des souvenirs de remise de prix émouvantes et un gout amer dans la bouche d’une cérémonie qui n’a pas tenu toutes ses promesses malgré une année cinématographique 2015 flamboyante. Les prix pour Fatima et Mustang feront date, concentrons nous sur ces vrais moments de bonheur!

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Alice Winocour et Deniz Gamze Ergüven, scénaristes de Mustang de Deniz Gamze Ergüven

 

1 COMMENTAIRE

  1. C’est la deuxième fois que je regarde la cérémonie, après 2014 (j’ai raté l’édition 2015 avec De Caunes, que j’affectionne beaucoup).
    Déjà, je dois le dire : la Foresti me sort par les yeux ! Ce n’était pas drôle pour un sou, à part quelques rares moments bien trouvés. Et « ses » potes remettants, gosh ! D’ailleurs, Louane et Matthias ont tiré une sale gueule quand ils vont vu la Florence se ramener pour faire la pitre. J’étais gêné devant tant d’exagération de sa part.
    Niveau palmarès, content pour « La Tête Haute » et Lindon. Les deux seuls films de la liste que j’ai vus. Mais j’en ai ajoutés d’autres à ma liste : Mon Roi, Le Petit Prince, Fatima, Marguerite, Mustang et d’autres dont j’ai oubliés les noms !
    Enfin, article intéressant à lire ! Hâte de lire votre débriefing sur les Oscars !

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