Critique du film Steve Jobs : passionnant ou agaçant

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Steve Jobs, sa vie, son oeuvre. La carrière du fondateur d’Apple est entourée d’un halo de mystère. Ses créations sont connues, son impact sur les révolutions technologiques est loué, mais qui était l’homme? Charismatique, caractériel, audacieux, sans concessions, irascible, les qualificatifs s’accumulent jusqu’à se contredire et il est difficile de cerner le personnage. Le réalisateur Danny Boyle et le scénariste Aaron Sorkin proposent une interprétation romancée et fantasmée dans un long métrage dans la droite lignée de The Social Network. Sous les traits de l’impeccable Michael Fassbender, Steve Jobs ressuscite et lutte pour imposer sa vision dans un biopic passionnant mais ardu.

 

La critique du film Steve Jobs

La grande histoire d’Apple est connue. L’aventure débute en 1976 dans le garage de la maison d’enfance de Steve Jobs avec les bidouillages du génial Steve Wozniak et la vision globale de l’autre Steve. Suivront la création du révolutionnaire ordinateur Macintosh, l’éviction musclée d’Apple de Jobs, la création de la société concurrente Next et le retour au bercail de l’enfant béni avec le succès que l’on sait. Imac, Ipod, Iphone, Ipad, le visage des produits technologiques a été modifié pour toujours. Mais là où Wikipédia peut vous présenter le parcours de Jobs dans un texte exhaustif, Danny Boyle choisit de romancer l’histoire de Steve Jobs. Il abroge la linéarité et se focalise sur 3 moments clés de son existence. 1984 et le lancement de Macintosh, 1988 et le lancement du NEXTcube, 1998 et le lancement de l’Imac. Enrichi de flashbacks, le film décortique ces différentes étapes avec un luxe de détails.

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Avec toujours cette constante: le personnage de Steve Jobs est habité par une vision et intolérant à la critique. La plupart des gens préfèrent laisser parler et ne pas forcer la contradiction. Par ennui, par paresse, par lâcheté. Steve Jobs ne lâche rien, passant son temps à se quereller et à affronter le conflit. Pour ne jamais se défausser et creuser ses obsessions jusqu’au bout. La reculade est assimilé à un échec et l’échec n’est pas envisageable. La contrepartie pour s’assurer de la pertinence de ses idées est immuable. Contrôler, vérifier, avoir les mains sur les manettes. Pour effacer le doute et construire un édifice de pensée inébranlable. Bref, un personnage complexe, habité et antipathique.

Le film est une lutte constante entre Steve Jobs et 5 individus. L’enchainement des discussions se répète pendant 3 évènements distincts, les présentations publiques de 3 produits révolutionnaires. Les rapports humains sont tendus et les désaccords s’enchainent dans des argumentations sans fin. Des combats dialectiques qui peuvent passionner ou fermement ennuyer. Steve Jobs contre Steve Wozniack, contre Andy Hertzfeld, contre Joanna Hoffman, contre la mère de sa fille, contre sa fille, il ne manque que son chien… Que vous soyez ami ou collègue, homme ou femme, jeune ou senior, la sanction est invariable. Des palabres sans fin, une contradiction constante. Etre Steve Jobs ne devait pas être simple, autant pour lui que pour ses contradicteurs. Le film est donc bavard et rêche avec cette dictature de la répartie qui tue. Une discussion ne peut pas se terminer sans la crampe finale, marque de la victoire d’un des deux interlocuteurs. Dans un contexte financier, technologique ou personnel.

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Les 3 aspects sont abordés alternativement selon les locuteurs. Avec des sillons creusés sur la durée. Les complexes de l’enfant adopté abandonné reviennent inlassablement, cette fille illégitime est victime du syndrome d’attirance répulsion, les proches ne savent pas s’ils le détestent ou l’adorent. La tension constante peut rebuter mais des acteurs d’exception sauvent le film du naufrage et le hissent au sommet du cinéma. Michael Fassbender ressemble beaucoup moins à Jobs qu’Ashton Kutcher avant lui et pourtant il l’incarne avec une force inouïe. Il est habité par son personnage et lui donne une vraie consistance. Aura-t-il l’Oscar? Une prochaine fois, 2016 sera l’année de Léo… Kate Winslet est une collaboratrice très patiente en même temps qu’admirative devant son boss. Son physique évolue selon les différentes périodes et elle garde constamment la classe. Seth Rogen détonne en Wozniack nounours sympa qui doit se farcir un Jobs agaçant. Quant à la fille… on se demande comment elle ne devient pas serial killer avec un père pareil. 

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Quelques recherches personnelles ont soulevé quelques hics inattendus. La femme de Jobs, Laurene Powell Jobs, n’apparait pas dans le film suite à son refus, faussant la perspective. Steve Jobs n’était pas un moine bouddhiste reclus dans sa caverne. Le film se base sur un livre de Walter Isaacson rédigé sur la demande de Jobs. Avec les biais que l’on imagine. Enfin, et c’est un détail, Léo, Georges Clooney, Noah Wyle, Tom Cruise et d’autres ont été approchés pour le rôle dans un film dont le réalisateur a longtemps été David Fincher. Danny Boyle et surtout Michael Fassbender sont arrivés sur la fin, modifiant d’autant le contenu du film. Pour le pire ou pour le meilleur selon les points de vue.

 

Bilan

Steve Jobs est un film passionnant ou agaçant selon votre patience ou votre intérêt. Fouillé, technique, ardu, il peut vous passionner ou vous abandonner sur le bord de la route comme un vieux klébard. Le bémol est important, le film demande une attention constante et une envie de s’intéresser. Sous peine de bâillements. Il rappelle The Big Short pour ses blagues très second degré pas simples. Un film extraordinaire ou insupportable, vous êtes prévenu.

La bande annonce :

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