Novice en matière de ballet, je m’astreins à un apprentissage en douceur de cet art archaïque pour en découvrir les mystères souvent injustement perçus comme élitistes, voire ringards. Les danseuses en tutu, les danseurs en collant, les chorégraphies passéistes, est-ce bien raisonnable de creuser ce sillon à l’époque d’Interstellar et de Beyonce? Et pourquoi pas! Je ne perds rien à essayer, guidé que je suis par une adepte de l’art gracieux de la danse ancestrale. Pour aiguiller ma réflexion, je me baserai sur mes impressions suite au ballet « Casse-noisette » admiré ce samedi 29 novembre à l’Opéra Bastille. Le gentleman moderne a l’esprit ouvert et la curiosité chevillée au corps, alors en avant moussaillons!
Bâtiment tristoune à l’extérieur, l’Opéra Bastille semble un paquebot énorme une fois introduit dans son antre. 2703 places exactement, des proportions pharaoniques, une impression de gigantisme qui force le respect. Impossible de ne pas penser que de telles proportions ne sont pas faites pour des spectacles grandioses. De grands auteurs sont régulièrement joués dans ses murs. Wagner, Puccini, Gounod, et Tchaikovski. Pas le moins connu du lot. Découvert très récemment au détour d’un film de 1970, « The Music Lovers », de Ken Russell, je me suis découvert une passion démesurée pour le maitre russe. Le grand compositeur, joué par Richard Chamberlain, a livré quelques uns des plus grands chef d’oeuvres de la musique universelle. Le lac des cygnes, son concerto à l’introduction universellement connue, ses oeuvres parlent à tous et toutes, même de loin, grâce à la magie de la publicité et de l’utilisation à outrance de ses oeuvres. Homosexuel refoulé, génie incompris dans sa jeunesse puis adulé dans son âge mur, il mourra du Choléra, quasi volontairement selon ses biographes. Suicide déguisé, reflet d’une existence romantique et désespérée.
Casse-Noisette a été réinventé par Hoffmann au début du XIXe siècle, repris par Dumas et mis en musique par le grand Piotr. Je suis rentré dans cette oeuvre par la musique, avec ses partitions prodigieuses de profondeur et de romanesque. Pas de deux, Valse des fleurs, Danse de la fée dragée, une recherche rapide sur Youtube vous fera tomber sur des morceaux que votre inconscient reconnaitra dans la seconde. La musique est splendide, on peut l’écouter sur son canapé, pas besoin de se déplacer. Alors pourquoi se risquer à l’Opéra? Eléments de réponse:
– les danseurs et danseuses sont de vrais athlètes de haut niveau. Je ne parle même pas des danseurs/danseuses étoiles capables de bonds prodigieux, de virevolter sans fin et de maintenir des positions de haute voltige. Pas une once d’efforts apparents, pas de grimaces déchirant le visage, se faire mal est un plaisir communicatif qui mérite de larges sourires. C’est un truc de ouf! La grâce des mouvements et des positions est un enchantement. La grâce, le maitre mot. L’étoile star de la soirée était Dorothée Gilbert, celle de la pub pour le parfum Repetto. Pas besoin de s’y connaitre en ballets pour admirer sa prestance, son port altier et son charisme sur scène. Et puis super souple, je ne vous fais pas un dessin.
– Autre avantage, Casse-Noisette parle à l’enfant qui sommeille en vous, le conte réveille les sentiments enfouis d’innocence et d’évasion. Les costumes feront rêver les grandes filles, les décors rappelleront la magie de Noel. Que de bons sentiments en cette époque de cynisme assumé.
– Nathalie Portman, vous connaissez? Eh bien la donzelle est avec le directeur de la danse de l’Opéra de paris, Benjamin Millepied, depuis le film « Back Swan ». Si ce n’est pas une bonne raison d’aller voir un ballet, je ne sais pas ce qu’il vous faut de plus!
Plus d’info sur le site de l’opéra de Paris.
Un extrait de l’original avec Nureyev (pas de la première actualité, certes, mais on touche du doigt ce que j’évoquais en matière de grâce) :
[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=CWVU-eZx6ZE[/youtube]