AC/DC rassasie les foules assoiffées de décibels et d’énergie démoniaque

AYoung

La musique dans son salon ou dans son téléphone, c’est bien, mais en live pendant un concert, c’est la quintessence de la passion pour un groupe. Et quand ce groupe s’appelle AC/DC, ça peut devenir tigresque. Samedi 23 mai passait AC/DC au Stade de France. Comment en suis-je arrivé là? M’en remettrai-je un jour?

J’avais laissé passé le train des réservations, les places s’étaient écoulées en un temps record, me laissant à quai, triste et résigné. Et voilà qu’on me propose une place une semaine avant la date fatidique. Tombée du ciel comme par magie. C’est le destin, je n’allais pas lui faire faux bond, décidé à honorer cette chance inouïe. 2015 risque d’être la dernière tournée mondiale d’un groupe formé en 1973 en Australie par les frères Young. L’ainé est maintenant enfermé dans un irrémédiable Delirium Tremens mais le cadet continue à galoper grand train. Ses passage à Paname se font rare, il ne faut pas manquer l’occasion.

L’ère des petites salles est révolue depuis belle lurette, les stades vertigineux et bourrés à craquer accueillent le groupe aux 17 albums, aux innombrables classiques et aux grandes cornes. L’arrivée à proximité du stade sur les coups de 17h30 est l’occasion d’une première pinte de blonde et d’acheter un sésame sans quoi un concert de hard rock ne serait qu’une mascarade: un T-Shirt à l’effigie de ses idoles, certes hors de prix mais qui restera un souvenir tangible pour l’éternité. La masse de fans grossit de minutes en minutes, les différentes classes d’âge se mélangent dans une harmonie réconfortante. Des fans dégarnis de la première heure, des jeunes trentenaires sautillants, des femmes, des jeunes, le melting pot est saisissant.

Du temps et des torrents sont passés depuis ce fameux voyage linguistique en teutonnie en 1993. J’y découvris l’album AC/DC live, je me pâmais et commençais une période Hard Rock / Heavy Metal entre AssDèss, Metallica et Iron Maiden jusqu’à System of a Down. J’y reviens de temps à autre, par nostalgie et par gout de la puissance électrisante dégagée par ces guitaristes virtuoses. Un petit Fade to black de temps à autre, un Chop Suey à l’occasion, un Whole Lotta Rosie quand ça me chante, la vie est faite de ça, aussi.

IMG_0809Première partie surprenante sous un ciel bleu défiant les lois de la prévision météorologique: No one is innocent, découvert en 1994 avec ce classique français du Hard Rock. Né, né dans un marais… « La peau » fut un gros choc tellurique, j’aurai le droit de l’entendre pendant ce set aimable comme une malle d’acier dévalant un escalier. La deuxième première partie est un groupe blues/soul emmené par un chanteur sosie exact de James Brown, surprenant et parfait pour patienter jusqu’à l’heure fatidique. 21h approche quand tout à coup…

Assis juste en face de la scène, un spectacle total débute pour 2 trop courtes heures. Un Rock or Bust d’actualité accueille la foule de 60 000? 70 000 personnes? Les images du chanteur Brian Johnson et de la sauterelle Angus Young déchainent les passions. La casquette solidement vissée sur le crâne, le chanteur enchaine les Weeeeeeyaaaaaahooooou et les Iiiiiiiiiiiiiiaaaaaaaaaeeeeehouaaaaaa sans discontinuer, fort dans les aigus et témoignages vibrants d’une énergie intacte. Le premier classique Shoot to thrill permet à Angus de démontrer tout son art de la 6 cordes. Armé de son éternelle Gibson SG, il parcourt la scène sans perdre haleine, enchainant les duck walks et les solos meurtriers.

Les images sur l’écran géant se changent en noir et blanc. Un Back in Black surpuissant finit de convaincre de l’éternelle jeunesse de ces très jeunes soixantenaires. Leur pacte avec le démon leur assure une éternelle jeunesse et une virtuosité intacte. Pas de temps mort, la foule hurle sa satisfaction et le rédacteur presque sourd enchaine les mouvements de tête et les paroles revenues de sa mémoire cache. Le reste du concert sera un maxi best-of que les connaisseurs apprécieront : Hells Bells, Thunderstruck, Dirty deeds done dirt cheap, TNT, Whole Lotta Rosie avec sa poupée gonflable géante, Let There Be Rock et son solo de 14 minutes.

Brian glapie un « good night! » qui ne trompe personne. Depuis 20 ans, tous les concerts d’AC/DC se clôturent invariablement par les 2 classiques absolus. Angus réapparait en mimant ses Devil horns et lâche les notes que tous ses adorateurs attendent. Ta-ta-ta. 3 notes. Highway to hell. Lovin’easy, livin’ free, le chant de la liberté. Un nirvana d’émotion. Le stade entier attend cet instant depuis trop longtemps. Le reste ne sera qu’une suite de rugissements. La foule est ravie, Angus se jette en pâture dans les gueules ouvertes de fauves assoiffés de sang. Quelques minutes plus tard, c’est comme le réveil d’un songe trop vite passé. Il faut un For those about to rock pour saluer la performance stratosphérique d’un groupe toujours jeune.

Les canons résonnent encore dans l’antre dionysienne tandis que la foule quitte les lieux. Une pinte de debrief ne sera pas suffisante pour revenir sur ce moment historique. Un autre concert le 26, et puis sans doute plus rien sur les terres parisiennes. AC/DC est passé relevé son tribut. Les fans présents pourront dire avoir assisté aux dernières performances d’un groupe culte. Angus deviendra un équivalent de Jimi Hendrix, un mythe révéré par de vieux moines décatis qui transmettront sa bonne parole auprès de générations futures attentives. J’ai vu Angus Young sur scène, il était jeune, il était puissant, il jouait comme un renard enragé. Il m’a mordu et transmis le virus.

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